Penché sur mon ordinateur, je regarde machinalement les commentaires sur mon blog.
Surpris, je me rends compte qu’il y en a des dizaines, en attente de modération, arrivés en quelques heures pendant la nuit, pour un seul de mes articles. Le problème ? Cet article, Le secret de la vraie communication, est vieux de deux ans.
Je ricane (oui, je sais ricaner) et je me dis, “encore des spammeurs !”
En regardant l’origine des messages, je constate qu’ils viennent tous d’Algérie. Je hausse lentement un sourcil (oui, je sais aussi hausser mes sourcils au ralenti) en me disant que c’est bizarre ça, des spammeurs algériens. Les pays de l’Est oui, mais pas l’Algérie.
Sans trop y prêter attention, je commence à survoler cette flopée de commentaires et là, je palis un peu (ça, je ne sais pas faire à la demande) en découvrant ce qu’ils disent.
Et je commence à rire aux éclats.
Deux sujets
L’Algérie est un pays que je connais très peu. Je ne savais pas que c’était le plus grand pays d’Afrique (il le deviendra à partir de juillet) et je ne savais pas non plus qu’il y existait un baccalauréat, héritier de celui que nous connaissons en France.
Et il se trouve que, les organisateurs du bac 2011 ont choisi d’utiliser une partie du texte de l’article que je citais plus haut comme un des deux sujets de l’épreuve de français.
Oui, vous avez bien lu. Mon blog dans les épreuves du bac en Algérie.
Là, mes sourcils ont commencé à danser tous seuls. Mon égo a tout de suite pris le dessus et une grosse vague de fierté m’a submergé. Je suis allé me regarder dans le miroir de la salle de bains pour bien vérifier que c’était bien moi qui avait lu ces lignes.
Pas de doute !
Ensuite, le coup de l’égo passé, j’ai mesuré tout le chemin parcouru pendant ces deux ans de blogging et je me suis dit que oui, ça valait vraiment le coup de se lancer dans cette aventure.
Les étudiants
En lisant les commentaires des étudiants algériens qui avaient choisi mon texte (200 000 ont passé l’épreuve semble-t-il) je me suis rendu compte de l’impact de mon article et ainsi de l’influence à long terme que l’on peut avoir sur les autres lorsque l’on crée quelque chose dans son domaine.
D’abord, la majorité m’a expliqué qu’ils comprenaient tout ce que je racontais. Cela me fait plaisir car j’essaie toujours d’être le plus clair possible dans ce que je dis. Je laisse l’obscur et l’incompréhensible aux philosophes qui font souffrir les Terminales.
Ensuite, l’impact du thème de l’article lui-même aura sûrement une influence dans les jours qui suivent l’épreuve. Non pas que tous et toutes vont devenir des modèles d’honnêteté dans leur communication (le sommes-nous, nous aussi ?) mais je suis certain qu’ils réfléchiront un tout petit peu plus avant de parler.
Enfin, l’aspect “compréhensible” ajouté au côté moins-ennuyeux-que-les-autres-sujets (je crois) fera sans doute que, beaucoup auront une note décente pour les aider à décrocher ce bac dont on se fait toute une montagne, alors qu’on ne devrait pas (voir plus bas).
Je ne vais pas vous citer tous les commentaires qui m’ont fait extrêmement plaisir (merci à vous !), que j’ai reçus par mail ou sur facebook mais, certains des étudiants, déjà lecteurs de mon blog, m’ont bien confirmé leur surprise de me retrouver dans leur épreuve de bac.
Et puis, quel chance je pense, de pouvoir communiquer, dès l’épreuve terminée, avec l’auteur du sujet pour lui poser des questions à partir de son smartphone ! Moi, quand j’ai passé mon bac, j’avais choisi un texte d’Ernest Renan sur les musées. J’aurais trouvé ça sympa de pouvoir ensuite envoyer un message à Ernest23 sur facebook pour lui poser des questions sur ses idées !
Le monde change.
Le comité de sélection des sujets
Et qu’est-ce qui leur a pris en Algérie d’aller chercher un texte dans un blog ? Je pensais plus que ces comités étaient “poussiéreux” et ne consultaient que de vieux livres d’auteurs classiques aux pages jaunies, dans des bibliothèques à l’odeur surannée.
Il y a donc forcément quelqu’un qui y consulte mon blog. Alors si, il ou elle, lit ces lignes, je tiens à le ou la remercier pour son courage et son audace. Cela ne doit pas être si facile de faire accepter un texte de blog comme sujet de baccalauréat et ainsi de faire évoluer les mentalités. Dans quelques années, cela sera normal mais pour l’instant, je trouve l’Algérie à l’avant-garde, dans ce domaine.
Les nouvelles technologies deviennent des outils de plus en plus indispensables pour l’éducation. Si nous voulons que les prochaines générations s’intéressent un tant soit peu à ce qu’on les oblige à apprendre à l’école, il faudrait au moins avoir l’intelligence d’utiliser leurs outils pour faciliter cet apprentissage.
Conclusion (comme dans une vraie rédac !)
Le bac c’est un peu comme dans la vie. Si on réussit quelque chose, tant mieux, on peut se féliciter en long, en large et en travers comme je viens de le faire sans grande pudeur au-dessus, et ensuite on repart. Si on rate, ce n’est pas grave, soit on recommence, soit on passe à autre chose.
De toute façon, avec le recul, le bac ça parait énorme avant de le passer mais, bien des années plus tard, cela ressemble plus à une anecdote qu’à autre chose.
C’est pour ça qu’une vie, cela se construit petit à petit, pierre à pierre, borne par borne. Tous les diplômes du monde ne vous apporterons pas le bonheur.
Non, le plus important, c’est de comprendre que, vous les étudiants, vous avez un potentiel formidable et que votre job dans la vie, c’est de trouver dans quels domaines vous allez exceller. Ils existent vraiment, je vous le garantis.
Si vous ne cherchez pas vraiment, vous allez vous ennuyer.
Si vous explorez vos immenses talents, avec ou sans bac, vous vous épanouirez. L’Algérie et moi
Par Jean-Philippe le 20 June 2011