Cridi
par El-Guellil
Dans cette ruelle commerçante de cette ville de chez nous, cité aux traditions bien ancrées, nul étranger ne pouvait s'installer. Ould el bled sinon rien. Que de tentatives infructueuses. C'est que dans cette médina, khobz eddar est interdit au barrani. C'était soit qu'on refusait de lui céder un local, même à prix fort, ou alors, corps étranger, boudé par la clientèle, rapidement, il mettait la clé sous le paillasson. Il faut reconnaître que les autochtones étaient reconnus fieffés commerçants. La tijara ça les connaissait !
Mais ne voilà-t-il pas, on ne sait par quel entourloupette, ou art, un juif réussit à s'acheter un magasin et s'installer au beau milieu de ce beau monde, dans cette rue commerçante qui grouillait de clientèle. Tous ces voisins étaient sûrs qu'il allait se casser la gueule, et comme ses prédécesseurs, le verraient vite déguerpir. Mais c'était sans compter sur son lsène hlou, son bagout, qui ont font de lui un négociant hors pair.
Dans sa boutique, la mieux achalandée, on trouvait de tout. Ce qui évitait les déplacements à la clientèle qui devenait, de plus en plus nombreuse. Branle-bas de combat. Autour d'un thé, les commerçants ouled bled qui ont senti le danger, ce sont rassemblés un soir pour lui faire son affaire. Vendre moins cher que lui n'était pas possible. Que faire? Thé sur thé, tout le monde se tait quand le doyen se mit à parler. «Ma isselèkna ghil el cridi.»
C'est ainsi que le lendemain tous affichaient sur les devantures des boutiques «Koulchi cridi, koul ya meskine ». En ces temps, les revenus des ménages très aléatoires, la formule du crédit ne pouvait que fonctionner. Bien vu le doyen ! Le juif chômait. Cela n'a pas empêché l'intrus de mettre en garde ses concurrents du danger d'une telle technique de vente. « C'est la faillite pour tout le derb, machi fekra, leur dit Moshé ». Ça n'a pas raté. La clientèle trop endettée, petit à petit, a commencé à éviter la rue jusqu'à la déserter totalement.
Les autochtones au bord de l'asphyxie ne purent même pas se réapprovisionner, quant à Moshé, pas très amoché, a pu faire venir ses proches reprendre leurs magasins en faillite, à moindre coup. Depuis, la rue s'appelle derb el yahoud !
[quote]
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5175460
par El-Guellil
Dans cette ruelle commerçante de cette ville de chez nous, cité aux traditions bien ancrées, nul étranger ne pouvait s'installer. Ould el bled sinon rien. Que de tentatives infructueuses. C'est que dans cette médina, khobz eddar est interdit au barrani. C'était soit qu'on refusait de lui céder un local, même à prix fort, ou alors, corps étranger, boudé par la clientèle, rapidement, il mettait la clé sous le paillasson. Il faut reconnaître que les autochtones étaient reconnus fieffés commerçants. La tijara ça les connaissait !
Mais ne voilà-t-il pas, on ne sait par quel entourloupette, ou art, un juif réussit à s'acheter un magasin et s'installer au beau milieu de ce beau monde, dans cette rue commerçante qui grouillait de clientèle. Tous ces voisins étaient sûrs qu'il allait se casser la gueule, et comme ses prédécesseurs, le verraient vite déguerpir. Mais c'était sans compter sur son lsène hlou, son bagout, qui ont font de lui un négociant hors pair.
Dans sa boutique, la mieux achalandée, on trouvait de tout. Ce qui évitait les déplacements à la clientèle qui devenait, de plus en plus nombreuse. Branle-bas de combat. Autour d'un thé, les commerçants ouled bled qui ont senti le danger, ce sont rassemblés un soir pour lui faire son affaire. Vendre moins cher que lui n'était pas possible. Que faire? Thé sur thé, tout le monde se tait quand le doyen se mit à parler. «Ma isselèkna ghil el cridi.»
C'est ainsi que le lendemain tous affichaient sur les devantures des boutiques «Koulchi cridi, koul ya meskine ». En ces temps, les revenus des ménages très aléatoires, la formule du crédit ne pouvait que fonctionner. Bien vu le doyen ! Le juif chômait. Cela n'a pas empêché l'intrus de mettre en garde ses concurrents du danger d'une telle technique de vente. « C'est la faillite pour tout le derb, machi fekra, leur dit Moshé ». Ça n'a pas raté. La clientèle trop endettée, petit à petit, a commencé à éviter la rue jusqu'à la déserter totalement.
Les autochtones au bord de l'asphyxie ne purent même pas se réapprovisionner, quant à Moshé, pas très amoché, a pu faire venir ses proches reprendre leurs magasins en faillite, à moindre coup. Depuis, la rue s'appelle derb el yahoud !
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http://www.lequotidien-oran.com/?news=5175460