Résumer un texte, c’est proposer une version condensée mais fidèle de ce texte. Le résumé doit avoir les qualités d’un texte autonome, dans sa structure, sa syntaxe et sa forme, mais dépendant des grandes lignes du sens du texte source. Le lecteur peut comprendre le sens du résumé, sans être obligé de prendre connaissance du texte initial. Le résumé se fait après la lecture attentive du texte, dont on délimite la portée et l’agencement des idées, la thématique et les mots clé, qui sont les vecteurs des idées essentielles. L’élaboration d’un plan sommaire du texte est impérative, car il suffit de bien textualiser le plan pour obtenir un résumé cohérent.
Exigences du Résumé:
1)- La réduction:
Généralement, le résumé se fait au quart du texte initial. Il convient donc de réduire le texte source en procédant par suppression et effacement: les exemples, les explications, les reformulations, les énumérations, parfois le discours et la description, les idées secondaires et les structures lexicales superflues. En outre, on peut procéder par intégration ou enchâssement d’une idée dans une autre, si celle-ci est présupposée par la première, qui la prend en charge ou alors le remplacement d’une énumération de mots ou d’éléments par un seul terme générique, un hyperonyme, véhiculant un sens qui englobe les autres mots hyponymes ou partitifs. Ce qui doit être gardé, ce sont les noyaux, les définitions et les éléments essentiels porteurs de sens.
Les Règles de Réduction :
- La méta - règle d’Effacement: c’est la suppression des phrases dont on peut se passer.
- La méta — règle d’intégration: une idée peut s’intégrer dans une autre (enchâssement) si le sens de celle-ci peut être pris en charge par la première phrase (la formule de « 2 en I »).
- La méta — règle de Construction: une phrase peut prendre en charge le sens de deux ou trois phrases, ce qui suppose évidemment qu’on doit faire appel à la compétence de reformulation.
- La méta — règle de Généralisation: on peut faire appel à un terme générique, (un hypéronyme) pour remplacer une énumération ou un lexique thématique (des hyponymes) dont les termes peuvent être regroupés sous le sens de ce mot générique.
2)- L’objectivité:
• Dans le résumé, il ne faut reproduire que le contenu du texte initial. Aucune idée personnelle, ni information nouvelle, ni commentaire ne doivent y être ajoutés. Il faut respecter, autant que possible, le plan du texte source, l’ordre d’apparition des idées, ainsi que les choix sémantiques de l’auteur, quand bien même on ne partagerait pas ses idées. De plus, il ne faut pas employer de structures qui peuvent trahir la présence et l’intervention de l’auteur du résumé, telles que: « dans ce texte, il s’agit de ... L’auteur pense que ... Cette phrase veut dire etc. », ce qui relève plus du commentaire que du résumé. Le résumé peut se faire sur la base du plan du texte ou sur le relevé puis la reformulation des noyaux du texte ou alors, en se basant sur la grille - résumé d’un récit qui répond aux questions: « Qui? Quoi ? Quand ? Où ? Comment? Pourquoi? »
3)- La reformulation:
Résumer, c’est reproduire fidèlement les idées du texte de base, dans un discours reformulé. Ce travail effectué sur la forme, consiste à redire, en plus bref et en d’autres termes, ce que pense l’auteur du texte, tout en évitant de se substituer à lui. On peut garder dans le résumé d’un récit, la même énonciation « je » et les mêmes temps de conjugaison, mais on ne peut pas écrire le nom de l’auteur au bas du résumé, car celui-ci n’appartient pas à l’auteur du texte source, mais è celui du résumé. Le dialogue entre deux personnage doit être repris, de préférence, au style indirect, sous forme de récit de paroles, ce qui implique des transformations dans les indices de personnes, d’espace et de temps (de la présence vers l’absence), dans le système verbal, avec le respect des concordances de temps de conjugaison et enfin les changements dans le système des adverbes.
Application :
-Le texte :
Les Peaux-rouges de l’Amérique du Sud, 1950
Une des contributions les plus importantes que l’Indien des Tropiques ait apportée à la civilisation moderne est celle du caoutchouc. L’usage de cette substance, devenue si précieuse, nous est déjà signalé dans les Antilles au début du XVIe siècle par les Espagnols, qui s’étonnèrent de voir rebondir si haut les balles que les Indiens employaient dans leurs jeux. Les premières seringues en caoutchouc furent inventées par les Indiens du Haut Amazone qui les utilisaient pour s’insuffler un narcotique dans les narines ou s’administrer mutuellement des clystères. Selon le voyageur français La Condamine, le secret de la fabrication d’objets en caoutchouc fut transmis par les Indiens Omagua aux Portugais.
Comme beaucoup de découvertes, celle du caoutchouc s’est retournée contre ceux qui en ont été les auteurs. Elle a été la cause indirecte de l’extermination de milliers d’indiens. Lorsque le développement de l’industrie, et en particulier celle de l’automobile, fit du caoutchouc une substance presque indispensable, des aventuriers de toutes sortes se ruèrent vers l’Amazonie pour y exploiter cette nouvelle source de richesse. Or, l’homme blanc ne peut survivre sous les Tropiques sans l’aide des Indigènes. Les seringueiros ou collecteurs de caoutchouc se jetèrent sur les villages indigènes pour emmener les jeunes gens en esclavage. Cette chasse à l’homme s’accompagna de toutes les horreurs des razzias africaines : villages incendiés, populations massacrées, famine et épidémies. Les seringueiros et les agents des compagnies d’exploitation se livrèrent sur les «peons » (1) à des atrocités dignes des camps de concentration allemands. Des tribus entières disparurent en quelques années et, depuis lors, les rives des grands fleuves comme le Madeira ou le Purus sont restées vides d’habitants. Le martyre des Indiens ne cessa que lorsque les plantations d’hévéas en Malaisie eurent fait baisser le prix du caoutchouc et mis fin à l’exploitation directe des arbres en forêt.
Alfred Métraux, © éd. Métailié, 1982
1. Peon : paysan pauvre d’origine indienne.
-Travail demandé : Après avoir relevé les idées importantes de ce texte, vous en ferez un résumé.
Procédure
I) PRISE DE NOTES
• On distingue deux paragraphes:
— le premier concerne l’importance de la découverte du caoutchouc
par les Indiens;
— le second concerne les conséquences désastreuses de cette découverte pour les Indiens.
• Mise en relation des termes notionnels grâce à des liens logiques
-Importance du caoutchouc pour la civilisation moderne.
-Or la découverte est faite par les Indiens au XVIe siècle et transmise aux Portugais.
— Mais cette découverte est terrible pour les Indiens.
— En effet, une forte production de caoutchouc est nécessaire au développement industriel automobile.
— Ce qui explique l’exploitation des Indiens par l’homme blanc, l’esclavage et l’extermination de ces populations.
— Changement de situation grâce à l’exploitation des plantations d’hévéas en Malaisie.
II) REDACTION DU RÉSUMÉ
• Idée générale : disparition des peuplades d’Amérique du Sud.
• Problématique : rôle de l’économie moderne dans la disparition des Indiens.
• Mise en forme cohérente des informations
Le caoutchouc fut une matière première importante dans le développement industriel des pays riches. Or le secret de fabrication de cette matière fut livré aux hommes blancs par les Indiens d’Amérique du Sud, mais les conséquences pour ces derniers furent désastreuses.
En effet, pour satisfaire la production automobile en forte croissance, le caoutchouc dut être produit en grande quantité et les Indiens furent rapidement et durement exploités par l’homme blanc. Leur esclavage prit fin lorsqu’on se mit à cultiver, en Malaisie, l’hévéa qui concurrença le caoutchouc d’Amazonie.
III) GRILLE D’AUTO-EVALUATION DU RESUME
indicateurs oui non
1. j’ai lu le texte attentivement.
2. j’ai sélectionné les mots clés du texte.
3. j’ai repéré les grandes idées et supprimé les exemples purement illustratifs,
4. j’ai repéré les liens logiques (rapports logiques),
5. j’ai fait le schéma du texte en montrant, concrètement, comment les idées fortes s’articulent entre elles,
6. j’ai procédé à la première rédaction et je compte les mots,
7. j’ai corrigé cette première rédaction (orthographe, grammaire, syntaxe...,)
8. j’ai procédé à la rédaction définitive,
9. j’ai recopié le résultat au propre.