FICHES 3AS PROJET 1 SEQUENCE 02
Projet I : Dans le cadre de la commémoration d’une journée historique, réaliser une recherche documentaire puis faire une synthèse de l’information à mettre à la disposition des élèves dans la bibliothèque de l’établissement.
I.C : Exposer des faits et manifester son esprit critique.
Objet d’étude : Documents et textes d’Histoire.
Séquence 2 : Introduire un témoignage dans un fait d’Histoire.
Support 3 : Femmes algériennes dans les camps.
Récit d'une ancienne détenue qui, dans un rapport adressé au F.L.N., a relaté les souffrances es et le courage des femmes algériennes dans les camps. Ce document nous a été transmis par Meradi Mehadji. (Note de l'auteur)
Comme dans toutes les prisons du monde, nous passions par des états
extrêmes. Nous avions aussi nos bons moments... Avec L., belle nomade,
nous voyagions... Elle dansait et chantait et nous battions des mains. T. nous à apprit bon nombre de chansons patriotiques, et c'est la vieille H., boiteuse
énigmatique, qui avant de nous endormir, nous racontait le plus de
légendes, d’une voix grave, un peu pour nous bercer.
Nous supportions la faim, le froid, les poux, les fameuses listes blanches... Mais notre grande terreur, c'était « Bouchkara » (l'homme à la cagoule). Lorsque l'une d'entre nous l'apercevait au loin descendant d'une jeep), elle rentrait, l'oeil dilaté, pour l'annoncer. Aussitôt, chacune saisissant châle, un linge, un haïk, s'en couvrait la tête et les épaules ne laissant entrevoir qu'une partie du visage.
« L'homme à la cagoule » s'approchait, encadré de 2 paras ; le visage et le buste cachés par un sac troué à l'endroit des yeux. Souvent, il se traînait, soutenu par les paras, visiblement amené d'une séance de torture, mains liées derrière le dos. A sa vue, les hommes aussi se retiraient des fenêtres. La peur s'emparait de nous tous. Cet homme venait dénoncer un complice: il cachait son visage pour qu'on ne le reconnaisse pas. On le faisait entrer dans des chambrées où les détenues, debout, attendaient dans l'anxiété « passées en revue ». Impressionnées par sa cagoule, plusieurs d'entre nous s'évanouissaient. Notre état physique et cette peur quotidienne ne nous permettaient plus de supporter de tels spectacles. Nous savions qu'il arrivait à « l'homme au sac » de dénoncer n'importe qui pour gagner du temps ou pour abréger ses souffrances ; ou bien il indiquait une personne de sa connaissance par animosité ou jalousie. Nous avions ainsi toutes les raisons de le craindre.
Un homme dénoncé redescendait avec lui en jeep. Parfois « Bouchkara » s'en retournait seul, n'ayant reconnu personne. Nous n'osions penser à ce
qui l'attendait au retour.
Discutant politique avec l'adjudant et le sergent nous apprîmes à connaître ces gens, ceux qui nous gardaient et ceux qui nous torturaient. Quelques orphelins, d'anciens enfants assistés, des aînés de familles nombreuses, beaucoup de casse-cou; en général des inadaptés, des têtes dures ou de petits hommes à complexes. Un après-midi, deux d'entre-deux se battirent au couteau, au milieu de la cour, tandis que, de nos fenêtres, nous regardions, la joie dans l'âme, nos bourreaux s'entretuer. J'appris au milieu de la cour, grâce à ces bavardages, certains détails sur le camp, entre autre que celui-ci n'était pas déclaré, que les cris entendus les premiers jours étaient ceux d'un malade que les paras amputaient. Que d'autres camps « noirs » existaient autour d'Alger, d'El Biar, Sidi- Fredj, la Redoute, etc.
Dans Récits de Feu, présentés par M.KADDACHE, SNED, 1976
Projet I : Dans le cadre de la commémoration d’une journée historique, réaliser une recherche documentaire puis faire une synthèse de l’information à mettre à la disposition des élèves dans la bibliothèque de l’établissement.
I.C : Exposer des faits et manifester son esprit critique.
Objet d’étude : Documents et textes d’Histoire.
Séquence 2 : Introduire un témoignage dans un fait d’Histoire.
Support 3 : Femmes algériennes dans les camps.
Récit d'une ancienne détenue qui, dans un rapport adressé au F.L.N., a relaté les souffrances es et le courage des femmes algériennes dans les camps. Ce document nous a été transmis par Meradi Mehadji. (Note de l'auteur)
Comme dans toutes les prisons du monde, nous passions par des états
extrêmes. Nous avions aussi nos bons moments... Avec L., belle nomade,
nous voyagions... Elle dansait et chantait et nous battions des mains. T. nous à apprit bon nombre de chansons patriotiques, et c'est la vieille H., boiteuse
énigmatique, qui avant de nous endormir, nous racontait le plus de
légendes, d’une voix grave, un peu pour nous bercer.
Nous supportions la faim, le froid, les poux, les fameuses listes blanches... Mais notre grande terreur, c'était « Bouchkara » (l'homme à la cagoule). Lorsque l'une d'entre nous l'apercevait au loin descendant d'une jeep), elle rentrait, l'oeil dilaté, pour l'annoncer. Aussitôt, chacune saisissant châle, un linge, un haïk, s'en couvrait la tête et les épaules ne laissant entrevoir qu'une partie du visage.
« L'homme à la cagoule » s'approchait, encadré de 2 paras ; le visage et le buste cachés par un sac troué à l'endroit des yeux. Souvent, il se traînait, soutenu par les paras, visiblement amené d'une séance de torture, mains liées derrière le dos. A sa vue, les hommes aussi se retiraient des fenêtres. La peur s'emparait de nous tous. Cet homme venait dénoncer un complice: il cachait son visage pour qu'on ne le reconnaisse pas. On le faisait entrer dans des chambrées où les détenues, debout, attendaient dans l'anxiété « passées en revue ». Impressionnées par sa cagoule, plusieurs d'entre nous s'évanouissaient. Notre état physique et cette peur quotidienne ne nous permettaient plus de supporter de tels spectacles. Nous savions qu'il arrivait à « l'homme au sac » de dénoncer n'importe qui pour gagner du temps ou pour abréger ses souffrances ; ou bien il indiquait une personne de sa connaissance par animosité ou jalousie. Nous avions ainsi toutes les raisons de le craindre.
Un homme dénoncé redescendait avec lui en jeep. Parfois « Bouchkara » s'en retournait seul, n'ayant reconnu personne. Nous n'osions penser à ce
qui l'attendait au retour.
Discutant politique avec l'adjudant et le sergent nous apprîmes à connaître ces gens, ceux qui nous gardaient et ceux qui nous torturaient. Quelques orphelins, d'anciens enfants assistés, des aînés de familles nombreuses, beaucoup de casse-cou; en général des inadaptés, des têtes dures ou de petits hommes à complexes. Un après-midi, deux d'entre-deux se battirent au couteau, au milieu de la cour, tandis que, de nos fenêtres, nous regardions, la joie dans l'âme, nos bourreaux s'entretuer. J'appris au milieu de la cour, grâce à ces bavardages, certains détails sur le camp, entre autre que celui-ci n'était pas déclaré, que les cris entendus les premiers jours étaient ceux d'un malade que les paras amputaient. Que d'autres camps « noirs » existaient autour d'Alger, d'El Biar, Sidi- Fredj, la Redoute, etc.
Dans Récits de Feu, présentés par M.KADDACHE, SNED, 1976
Projet I : Dans le cadre de la commémoration d’une journée historique, réaliser une recherche documentaire puis faire une synthèse de l’information à mettre à la disposition des élèves dans la bibliothèque de l’établissement.
I.C : Exposer des faits et manifester son esprit critique.
Objet d’étude : Documents et textes d’Histoire.
Séquence 2 : Introduire un témoignage dans un fait d’Histoire.
Support 3 : Femmes algériennes dans les camps.
Récit d'une ancienne détenue qui, dans un rapport adressé au F.L.N., a relaté les souffrances es et le courage des femmes algériennes dans les camps. Ce document nous a été transmis par Meradi Mehadji. (Note de l'auteur)
Comme dans toutes les prisons du monde, nous passions par des états
extrêmes. Nous avions aussi nos bons moments... Avec L., belle nomade,
nous voyagions... Elle dansait et chantait et nous battions des mains. T. nous à apprit bon nombre de chansons patriotiques, et c'est la vieille H., boiteuse
énigmatique, qui avant de nous endormir, nous racontait le plus de
légendes, d’une voix grave, un peu pour nous bercer.
Nous supportions la faim, le froid, les poux, les fameuses listes blanches... Mais notre grande terreur, c'était « Bouchkara » (l'homme à la cagoule). Lorsque l'une d'entre nous l'apercevait au loin descendant d'une jeep), elle rentrait, l'oeil dilaté, pour l'annoncer. Aussitôt, chacune saisissant châle, un linge, un haïk, s'en couvrait la tête et les épaules ne laissant entrevoir qu'une partie du visage.
« L'homme à la cagoule » s'approchait, encadré de 2 paras ; le visage et le buste cachés par un sac troué à l'endroit des yeux. Souvent, il se traînait, soutenu par les paras, visiblement amené d'une séance de torture, mains liées derrière le dos. A sa vue, les hommes aussi se retiraient des fenêtres. La peur s'emparait de nous tous. Cet homme venait dénoncer un complice: il cachait son visage pour qu'on ne le reconnaisse pas. On le faisait entrer dans des chambrées où les détenues, debout, attendaient dans l'anxiété « passées en revue ». Impressionnées par sa cagoule, plusieurs d'entre nous s'évanouissaient. Notre état physique et cette peur quotidienne ne nous permettaient plus de supporter de tels spectacles. Nous savions qu'il arrivait à « l'homme au sac » de dénoncer n'importe qui pour gagner du temps ou pour abréger ses souffrances ; ou bien il indiquait une personne de sa connaissance par animosité ou jalousie. Nous avions ainsi toutes les raisons de le craindre.
Un homme dénoncé redescendait avec lui en jeep. Parfois « Bouchkara » s'en retournait seul, n'ayant reconnu personne. Nous n'osions penser à ce
qui l'attendait au retour.
Discutant politique avec l'adjudant et le sergent nous apprîmes à connaître ces gens, ceux qui nous gardaient et ceux qui nous torturaient. Quelques orphelins, d'anciens enfants assistés, des aînés de familles nombreuses, beaucoup de casse-cou; en général des inadaptés, des têtes dures ou de petits hommes à complexes. Un après-midi, deux d'entre-deux se battirent au couteau, au milieu de la cour, tandis que, de nos fenêtres, nous regardions, la joie dans l'âme, nos bourreaux s'entretuer. J'appris au milieu de la cour, grâce à ces bavardages, certains détails sur le camp, entre autre que celui-ci n'était pas déclaré, que les cris entendus les premiers jours étaient ceux d'un malade que les paras amputaient. Que d'autres camps « noirs » existaient autour d'Alger, d'El Biar, Sidi- Fredj, la Redoute, etc.
Dans Récits de Feu, présentés par M.KADDACHE, SNED, 1976
Projet I : Dans le cadre de la commémoration d’une journée historique, réaliser une recherche documentaire puis faire une synthèse de l’information à mettre à la disposition des élèves dans la bibliothèque de l’établissement.
I.C : Exposer des faits et manifester son esprit critique.
Objet d’étude : Documents et textes d’Histoire.
Séquence 2 : Introduire un témoignage dans un fait d’Histoire.
Support 3 : Femmes algériennes dans les camps.
Récit d'une ancienne détenue qui, dans un rapport adressé au F.L.N., a relaté les souffrances es et le courage des femmes algériennes dans les camps. Ce document nous a été transmis par Meradi Mehadji. (Note de l'auteur)
Comme dans toutes les prisons du monde, nous passions par des états
extrêmes. Nous avions aussi nos bons moments... Avec L., belle nomade,
nous voyagions... Elle dansait et chantait et nous battions des mains. T. nous à apprit bon nombre de chansons patriotiques, et c'est la vieille H., boiteuse
énigmatique, qui avant de nous endormir, nous racontait le plus de
légendes, d’une voix grave, un peu pour nous bercer.
Nous supportions la faim, le froid, les poux, les fameuses listes blanches... Mais notre grande terreur, c'était « Bouchkara » (l'homme à la cagoule). Lorsque l'une d'entre nous l'apercevait au loin descendant d'une jeep), elle rentrait, l'oeil dilaté, pour l'annoncer. Aussitôt, chacune saisissant châle, un linge, un haïk, s'en couvrait la tête et les épaules ne laissant entrevoir qu'une partie du visage.
« L'homme à la cagoule » s'approchait, encadré de 2 paras ; le visage et le buste cachés par un sac troué à l'endroit des yeux. Souvent, il se traînait, soutenu par les paras, visiblement amené d'une séance de torture, mains liées derrière le dos. A sa vue, les hommes aussi se retiraient des fenêtres. La peur s'emparait de nous tous. Cet homme venait dénoncer un complice: il cachait son visage pour qu'on ne le reconnaisse pas. On le faisait entrer dans des chambrées où les détenues, debout, attendaient dans l'anxiété « passées en revue ». Impressionnées par sa cagoule, plusieurs d'entre nous s'évanouissaient. Notre état physique et cette peur quotidienne ne nous permettaient plus de supporter de tels spectacles. Nous savions qu'il arrivait à « l'homme au sac » de dénoncer n'importe qui pour gagner du temps ou pour abréger ses souffrances ; ou bien il indiquait une personne de sa connaissance par animosité ou jalousie. Nous avions ainsi toutes les raisons de le craindre.
Un homme dénoncé redescendait avec lui en jeep. Parfois « Bouchkara » s'en retournait seul, n'ayant reconnu personne. Nous n'osions penser à ce
qui l'attendait au retour.
Discutant politique avec l'adjudant et le sergent nous apprîmes à connaître ces gens, ceux qui nous gardaient et ceux qui nous torturaient. Quelques orphelins, d'anciens enfants assistés, des aînés de familles nombreuses, beaucoup de casse-cou; en général des inadaptés, des têtes dures ou de petits hommes à complexes. Un après-midi, deux d'entre-deux se battirent au couteau, au milieu de la cour, tandis que, de nos fenêtres, nous regardions, la joie dans l'âme, nos bourreaux s'entretuer. J'appris au milieu de la cour, grâce à ces bavardages, certains détails sur le camp, entre autre que celui-ci n'était pas déclaré, que les cris entendus les premiers jours étaient ceux d'un malade que les paras amputaient. Que d'autres camps « noirs » existaient autour d'Alger, d'El Biar, Sidi- Fredj, la Redoute, etc.
Dans Récits de Feu, présentés par M.KADDACHE, SNED, 1976
Dernière édition par Administrateur le Lun 21 Oct - 19:35, édité 1 fois