La composition française en contexte : Phosphore-Cinéfil-Diabolo menthe
Message par Administrateur le Mer 16 Déc 2009 - 4:39
Brent A. Pitts
Foreign Langs & Lits
Meredith College
La composition française en contexte : Phosphore-Cinéfil-Diabolo menthe
2. La situation de la composition française
Le but du cours était surtout la mise en œuvre de la grammaire dans un contexte intéressant : une série de compositions sur l’art français. Alors, voilà mon idée en deux mots: au lieu de suivre systématiquement les tuyaux de Barson, et voulant éviter à tout prix les compositions données ‘de but en blanc,’ aux sujets dépaysants, je demande aux élèves d’utiliser la grammaire qu’elles apprennent dans trois compositions sur un aspect de l’art français [4]. De cette manière, non seulement les élèves apprennent les normes de la langue écrite, elles approfondissent aussi leurs connaissances d’un domaine de la culture francophone.
Je souhaite que le cours ait un contenu au-delà de la grammaire, que les élèves fassent des recherches avant d’écrire, qu’elles connaissent mieux les domaines abordés. Je veux surtout qu’elles voient l’intérêt des sujets successifs, qu’elles n’ont peut-être jamais explorés. Comme moi, les élèves trouvent le cours plus agréable et plus pratique si le travail du perfectionnement de l’expression écrite s’accompagne de la découverte d’un univers différent mais authentique, celui de l’image. C’est pourquoi toutes les compositions ont aussi leur lieu, leur situation—un contexte et un temps de réflexion apportés par l’activité préparatoire.
Parmi les composants de la note finale, les quatre compositions (25%) valent autant que l’examen final (25%) [5]. Le premier jour de classe, je souligne donc l’importance des compositions. Chaque composition doit avoir 300 mots, un peu plus d’une page dactylographiée. Au semestre dernier, quand deux ou trois des meilleurs élèves dépassaient habituellement ce seuil, je ne m’en plaignais pas.
Pour chaque composition, les élèves préparent un brouillon que je corrige et leur rends sans note. Je dis « corrige. » En fait, comme vous, j’utilise un système d’abréviations pour mettre en valeur chaque erreur, sans la corriger, et bien sûr pour gagner du temps. Au lieu d’expliciter la bonne réponse, ce code permet de suggérer à coups de crayon rapides une structure, un mot ou un temps verbal convenable.
Un mot sur l’emploi des ordinateurs : Depuis l’automne 2001, toutes les étudiantes de première année à Meredith College reçoivent un portable à leur arrivée sur le campus. Les trois plus jeunes élèves du Français 306 (les élèves de première et de deuxième année) avaient donc un portable « officiel ». Les autres se débrouillaient avec un ordinateur personnel ou travaillaient dans un des labs informatiques de l’université. Il y a plusieurs devoirs Internet en Français 306 et toutes les élèves doivent visiter souvent le site Blackboard du cours. Pour leurs compositions, il est formellement interdit de consulter les sites de traduction sur Internet, mais les élèves doivent utiliser le programme ‘French (France)’ qui fait partie de Word. Comme les élèves profitent régulièrement des outils ‘spell-check’ et ‘grammar-check’ pour leurs mémoires et compositions en anglais, pourquoi leur demander d’éviter les programmes français équivalents ? En principe, ‘French (France)’ fait la première « toilette du texte » : dans toutes les manifestations successives d’une composition, le programme souligne les erreurs, suggère le mot juste, et introduit les accents qui s’imposent.
Ensuite, les élèves préparent la composition. Puisque c’est en forgeant qu’on devient forgeron, jusqu’aux derniers jours du semestre les élèves ont le droit de ré-écrire toutes leurs compositions. Ainsi, au printemps dernier, aucune note de composition n’était vraiment définitive qu’à la mi-avril. C’est une méthode utile et saine, à mon avis, car elle encourage les élèves à perfectionner leur français écrit. Comme professeur, je n’ai pas le droit d’être moins patient qu’elles ! Dans ce long processus, les élèves « visitent » à plusieurs reprises leur composition, le manuel et leur dictionnaire. A chaque visite, elles réfléchissent de nouveau à chaque phrase, à chaque mot de leur composition. A chaque refonte, elles améliorent aussi leur note.
Au lieu d’ « être » une fois pour toutes, les compositions « deviennent », elles évoluent sans cesse. Ce long travail est récompensé par les progrès des élèves. Je peux les guider dans leurs choix successifs, en leur rappelant au besoin un exemple étudié dans le manuel ou en leur soufflant une dernière fois la différence entre fois et temps. Vers la mi-semestre, au printemps dernier, j’ai eu plusieurs fois l’impression que les élèves avaient pris l’habitude de consulter un dictionnaire, même pour les brouillons !
Le but des activités préparatoires est de situer la composition. Elles proposent un paysage sur lequel l’élève pourra inscrire ses observations. L’activité préparatoire doit initier l’élève aussi bien à un domaine de l’art français qu’à son vocabulaire et quelques-uns de ses concepts-clé. Dans l’activité préparatoire, l’élève aborde le sujet ; ensuite, dans la composition, elle réfléchit au sujet en essayant de l’expliquer et d’analyser ses manifestions, voire de créer.
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4. La quatrième et dernière composition était de caractère différent. Pour la quatrième composition, les étudiantes ont choisi une lettre de demande d’entrevue accompagnée du curriculum vitae de l’étudiante (recherches préalables : étude des modèles disponibles sur Blackboard et recherche d’une offre d’emploi sur Internet) ou un éditorial sur les relations franco-américaines (recherches préalables : lecture de deux éditoriaux, l’un américain, l’autre français).
5. Les autres composants de la note finale sont : Test 1 - 10%, Test 2 - 17%, Verborama - 8% (un test portant uniquement sur les temps verbaux et leurs formes) et Exercices écrits et quizzes - 15%.