Yasmina Khadra: « La littérature est d’abord un élan narcissique »
Quelques-unes des facettes de l’écrivain algérien le plus internationalisé. Passions, déceptions, visions de la
et de lui- même,
autres pseudonymes…
Nous sommes à Oran, une ville phare dans votre vie comme dans votre dernier roman. Qu’y ressentez-vous ?
C’est
vraiment une alchimie étrange. Je suis très content d’être là et, en
même temps, tellement peiné de voir cette ville se délabrer avec le
temps, se dénaturer. Pourtant les potentialités existent et les
ouvertures aussi. Je ne comprends donc pas pourquoi cette ville se
replie sur sa propre décomposition. J’espère, avec quelques notables de
la ville et quelques intellectuels, qu’Oran redevienne un centre
culturel. C’est mon souhait le plus cher.
Vos premiers romans se situaient en Algérie. Puis vous avez fait cap vers l’Orient…
Oui, une embardée sabbatique…
Belle expression… Puis, vous revenez en Algérie avec Ce que le jour
doit à la nuit. Ce mouvement géo-littéraire, si l’on peut dire,
correspond-il à quelque chose de précis ?
Cette
embardée sabbatique était imposée par le contexte. L’Arabe et le
musulman étaient complètement diabolisés. Il fallait quelqu’un pour
essayer d’apaiser les esprits. Mais je n’ai jamais quitté des yeux
l’Algérie. C’est mon pays et c’est bien de le raconter. Et quand on a
la chance d’avoir une audience importante, c’est bien de l’installer
dans le cœur des gens. Maintenant, que ce soit au Canada, en Belgique,
en France, en attendant les traductions, beaucoup de gens ont découvert
Rio Salado (aujourd’hui El Melleh). C’est donc bien de participer à
l’essor de son pays, de manière assez modeste, à partir de son petit
coin d’écrivain.
que le jour… m’apparaît personnellement comme votre œuvre la plus accomplie. L’écrivain partage-t-il cette perception ?
Je
l’ai déclaré avant sa sortie : c’est mon meilleur roman. Je l’ai
tellement rêvé depuis plus de vingt ans. J’ai toujours voulu écrire une
saga algérienne à l’image de Autant en emporte le vent ou Docteur
Jivago. Une histoire d’amour sur fond de guerre, d’écartèlements, de
désastres. Une espèce de lumière qui reste quand tout a été éteint. Il
devait d’ailleurs sortir en 2001, l’année de mon installation en
France. Mais pour des raisons que tout le monde connaît, cette
suspicion, cette diabolisation, j’ai été obligé d’aller me chercher
ailleurs, sans jamais renoncer à ce projet. Et, il y a deux ans, je me
suis dit qu’il fallait que je m’essaye. Dès la première ligne, j’étais
parti. J’ai mis une année à l’écrire. Et je suis très satisfait du
résultat.
L’ouverture
du roman - le père, la terre, la misère - est portée par un souffle
littéraire qui n’est pas sans rappeler celui de la trilogie de Dib.
Relèverait-elle de votre vie ?
Ça relève de l’histoire de l’Algérie. Les Algériens étaient des
pasteurs et des paysans. Et puis, un jour la colonisation est arrivée.
Elle a créé des villes avec tout ce qu’elles ont de dépersonnalisant.
La misère a atteint des proportions telles que notre peuple a été
obligé de renoncer à ce qui le faisait, son caractère, son charisme,
son humilité, sa vaillance, sa bravoure, sa faiblesse par endroits,
faiblesse humaine, j’entends. Il a renoncé à tout cela pour rejoindre
un endroit où il n’y avait pas de place pour le partage. Il y avait,
d’un côté, les cupides et, de l’autre, les exploités. Le roman est un
peu l’histoire de cette déviation socioculturelle qui a frappé le
peuple algérien avec la création des villes et des centres urbains.
Mais quelle serait la dimension autobiographique du livre ?
Rien du tout. Beaucoup de gens m’ont écrit pour me dire : vous avez
raconté notre histoire. Il suffit d’interroger la pierre, les vestiges,
de chercher au plus profond du regard de nos aînés pour percevoir cette
époque. Je n’ai pas éprouvé beaucoup de difficultés. Même pour la
documentation, je n’ai pas trop fouillé. J’ai parlé aux gens, aux
vieux, aux témoins, car ce qui m’importait, ce n’était pas les faits
mais l’émotion qui les entouraient.
A quoi tient selon vous le succès considérable du roman auprès des lecteurs ?
Il
était le numéro un de la rentrée littéraire au Canada et en Belgique
aussi. Je pense que c’est une question de langue. Il y a quelque chose
dans ma façon d’écrire qui plaît, qui dépayse véritablement le lecteur,
l’installe dans un univers qu’il ne soupçonnait pas et qu’il découvre
avec beaucoup de délectation.
Alors
que la littérature algérienne est volontiers lyrique, poétique, même
dans la prose, assez complexe dans ses formes, portée sur les nouvelles
écritures, si je vous dis que vous êtes plus proche des courants
d’écriture anglo-saxons, l’accepteriez-vous ?
C’est
fort possible. Je ne suis que la somme des écrivains que j’ai lus.
Chacun a installé en moi une fibre. Je suis la synthèse de toutes les
littératures que j’ai aimées. Mais ce qui m’importe le plus, c’est la
façon d’aimer mon texte. Cet amour-là, s’il est véritablement sincère,
s’il se construit sur du concret, finit par intéresser. L’amour est une
contagion. Si on arrive vraiment à faire d’une phrase un instrument
émotionnel, eh bien, elle provoque une rencontre émotionnelle chez le
lecteur.
Certains ont vu dans Ce que le jour… une allégorie à la réconciliation
historique entre l’Algérie et la France. Pour ma part, je l’ai lu comme
une volonté de montrer que les destins individuels ne sont pas
réductibles à l’histoire. Comment envisagez-vous ces approches ?
Oh, vous savez, certains trouvent toujours des interprétations qui
leur conviennent ! A un certain moment, on parlait de ma littérature
comme une littérature d’urgence, mais personne n’était capable de
définir cette littérature d’urgence. Je crois que le lecteur sain,
celui qui n’est pas porteur de sa propre frustration, et qui entre
simplement dans une œuvre comme on rentre dans une maison, avec de la
curiosité et surtout le sentiment d’être bien accueilli, ne pouvait
réagir de cette manière. Un livre est un livre. C’est une porte ouverte
sur un univers, quelque chose qui pourrait nous plaire comme nous
déplaire. Quand j’ai commencé à écrire ce roman, ce n’était pas pour
réconcilier. Je voulais raconter l’Algérie dans ce qu’elle avait de
plus authentique. C’est vrai que nous étions colonisés et que dans nos
campagnes, il y avait des féodaux.
Mais dans les villes comme Oran par exemple, il y avait
une cohabitation, Derb Lihoud (quartier juif) d’un côté, la ville
européenne, là, un peu plus haut, le village nègre… Même si il y avait
des remparts invisibles qui morcelaient les communautés par instinct
grégaire, cela n’empêchait pas d’autres d’aller se retrouver et de
passer pendant quelques heures des moments de convivialité. C’est tout.
J’ai voulu raconter cette époque dans ce qu’elle avait de plus beau et
de plus valeureux. La réconciliation ? Si ces livres permettaient aux
uns et aux autres de se réconcilier, eh bien, j’aurais réussi quand
même un exploit. Ce qui est encourageant, c’est la réaction des
pieds-noirs. Beaucoup m’ont écrit et certains pour me dire qu’ils
avaient décidé de ne plus parler de l’Algérie. C’était un divorce
catégorique et définitif. Maintenant, ils se remettent à parler de
l’Algérie. Notre histoire avait besoin d’un déclic psychologique, et ce
livre y contribue un peu.
Comment est né le projet du film ?
Avant
même la sortie du livre, sept producteurs et trois réalisateurs s’y
intéressaient. Ils sont passés par mon éditeur. Certains m’ont contacté
directement. Arcady a tenu à me rencontrer et il a été le premier à le
faire. Il m’a convaincu. Il a tellement aimé ce livre que je me suis
dis que ce serait criminel de d’empêcher quelqu’un d’aussi passionné.
Il m’a dit que c’était le livre qu’il attendait et qu’il avait été
écrit pour lui. Et je me suis interdit de le décevoir. Donc, j’ai
accepté de lui confier l’adaptation. Maintenant, la balle est dans son
camp…
Êtes-vous, comme la plupart des écrivains face au cinéma, partagé entre le plaisir et la crainte ?
N’importe
quel écrivain serait heureux de voir son livre adapté au cinéma ou au
théâtre. Cela contribue un peu à élargir l’audience d’un livre. Avec
Morituri il faut le dire, j’ai été déçu. Mais j’ai très bien compris
que le réalisateur n’a pas eu tous les moyens financiers et techniques
pour mener à bien son projet. Cela m’a quand même éveillé et poussé à
être plus vigilant. Par exemple, je suis en train de voir avec mon
éditeur comment récupérer d’Hollywood les droits cinématographiques de
L’Attentat. Ils en sont au cinquième scénario et ils ont tout fait pour
rendre le geste de Sihem, la kamikaze, condamnable, alors que dans le
livre, il n’est pas possible de le condamner. Même dans le dernier
scénario, malgré toutes les démarches et astuces qu’ils ont déployées,
pour essayer de rendre Sihem criminelle, ils n’ont pas réussi. Si un
film avait pour vocation de défigurer une œuvre, je préfère encore m’en
passer. Dans le scénario de Les hirondelles de Kaboul, il y avait des
introductions qui étaient inconvenantes pour moi avec même une forme de
déformation. J’ai intervenu et j’ai pratiquement coécrit le scénario
pour le remettre dans son véritable contexte. Là où j’ai pu vérifier,
c’est bien. Mais lorsque les Américains achètent des droits d’un livre,
ils le considèrent comme leur propriété.
Êtes-vous, comme la plupart des écrivains face au cinéma, partagé entre le plaisir et la crainte ?
N’importe quel écrivain serait heureux de voir son livre adapté au
cinéma ou au théâtre. Cela contribue un peu à élargir l’audience d’un
livre. Avec Morituri il faut le dire, j’ai été déçu. Mais j’ai très
bien compris que le réalisateur n’a pas eu tous les moyens financiers
et techniques pour mener à bien son projet. Cela m’a quand même éveillé
et poussé à être plus vigilant. Par exemple, je suis en train de voir
avec mon éditeur comment récupérer d’Hollywood les droits
cinématographiques de L’attentat. Ils en sont au cinquième scénario et
ils ont tout fait pour rendre le geste de Sihem, la kamikaze,
condamnable, alors que dans le livre, il n’est pas possible de le
condamner. Même dans le dernier scénario, malgré toutes les démarches
et astuces qu’ils ont déployées, pour essayer de rendre Sihem
criminelle, ils n’ont pas réussi. Si un film avait pour vocation de
défigurer une œuvre, je préfère encore m’en passer. Dans le scénario de
Les hirondelles de Kaboul, il y avait des introductions qui étaient
inconvenantes pour moi avec même une forme de déformation. J’ai
intervenu et j’ai pratiquement coécrit le scénario pour le remettre
dans son véritable contexte. Là où j’ai pu vérifier, c’est bien. Mais
lorsque les Américains achètent des droits d’un livre, ils le
considèrent comme leur propriété.
Avez-vous rêvé ou envisagé un jour, tel Elia Kazan, de devenir le réalisateur de vos propres romans ?
Je ne sais pas. J’aimerais bien réaliser Les Agneaux du Seigneur.
Pourquoi celui-là particulièrement ?
Je m’en sens capable parce que c’est le seul roman que j’ai écrit comme un document, avec des instantanés fragmentés....
Vous voulez-dire comme un scénario ?
Non, comme un document, mais un document littéraire avec des
projections sur des faits. Dans les autres romans, il n’y a pas de
cloisonnement. Dans Les Agneaux du Seigneur, c’est comme s’il y avait
quelqu’un avec une caméra qui essaie de voler à ce village des moments
de sa vie. Je suis surpris qu’aucun réalisateur n’ait daigné adapter ce
livre en dépit de son succès.
Ils ont peut-être senti qu’ils devaient vous le laisser…
Je ne sais pas, ça pourrait les aider quand même.
Vos fonctions à la tête du Centre culturel algérien de Paris vous
laissent-elles le temps de pratiquer votre écriture ? Vivez-vous ce
« cumul » comme une richesse ou un conflit intérieur ?
Il n’y a pas de conflit. Le seul conflit intérieur, c’est lorsque
j’étais soldat et écrivain. Par la suite, tout est rentré dans l’ordre.
Mais c’est vrai qu’au centre, je n’ai ni le temps ni un espace assez
propice pour écrire. Je suis devenu en quelque sorte un fonctionnaire.
J’arrive au bureau à neuf heures et je le quitte parfois à minuit.
Toute la journée, il y a les entretiens. Je rencontre des artistes...
Mais tant que j’apporte quelque chose, ça compense un peu toutes les
désillusions. Je suis fier de ce que j’ai fait jusqu’à présent. Depuis
une année, le centre bouge, il est connu. Il est passé sur toutes les
télévisions. A chaque fois que j’accorde une interview, j’exige qu’elle
se fasse au CCA et qu’il soit filmé. J’ai établi des contacts un peu
partout dans le monde, aux USA avec des universités, en Allemagne, Abu
Dhabi… Maintenant, j’essaie d’élargir les champs de manœuvre de nos
artistes, de trouver des galeries pour nos photographes. Bref, pas mal
de choses qui me rendent un peu utile. Tant que je suis dans cette
utilité, je peux me permettre de ne pas écrire. Mais je reste quand
même un écrivain. J’ai un lectorat qui attend avec beaucoup d’intérêt
mes productions littéraires. Mais je n’ai pas vraiment le temps de
créer. Je suis revenu sur un texte, écrit il y a quelques années, qui
sortira peut-être en février 2010. Mais pour créer l’œuvre que je
souhaite, cela demande beaucoup plus de temps.
Vous avez publié deux romans sous des pseudonymes européens. Pouvez-vous nous en parler ?
Écoutez, l’un a été révélé par le Figaro Littéraire. Le problème,
c’est que ce journaliste qui m’a insulté et traité de tous les noms
(quand d’autres ont fait le même cheminement avec respect) oublie que
parmi les rares critiques de ce roman, il a été le signataire de la
plus dithyrambique.
Quel est le titre de ce roman ?
Frenchy, sorti chez Fayard.
Et sous quel pseudonyme ?
Benjamin
Cros… Ce que ce journaliste ne comprend pas ou a oublié, c’est qu’à
l’époque, j’étais complètement exclu en France et que je n’avais plus
rien, aucune ressource. Je venais de sortir en janvier La Part du mort
qui a été un vrai flop et s’est vendu à 5000 exemplaires. Pour
quelqu’un qui avait été bestseller, c’était terrifiant. Surtout que je
n’avais pas d’autres ressources que la vente de mes livres et j’étais
obligé d’écrire un roman pour subvenir aux besoins de ma famille.
Comme cela est arrivé à de nombreux écrivains…
Mais
ce n’était pas pour avoir un prix. On ne peut pas penser à un prix en
écrivant un livre en trois semaines. Je n’attendais pas un succès en
librairie. J’espérais seulement attirer l’attention d’un cinéaste sur
mon roman. J’étais tellement bafoué et vilipendé qu’à un certain
moment, je me suis dit : pourquoi ne pas se retourner vers le cinéma ?
Mais ça n’a jamais été une intention. C’est mon droit en tant
qu’écrivain d’écrire sous n’importe quel pseudonyme. Le journaliste a
dit que mes éditeurs n’étaient pas au courant. Je n’ai jamais triché
avec eux. Ils ont été les premiers à le savoir. Bon, je n’ai pas donné
le nom, ni le titre, mais je leur ai dit : j’ai sorti en France un
livre sous un pseudonyme. J’en ai sorti un autre avant dans un pays
européen qui a eu un succès mondial.
Sous quel pseudonyme ?
Non, c’est un nom d’emprunt. Et mon éditeur sait aussi que je sors en
2010 un livre dans un pays européen sous un autre pseudonyme. J’aime me
diversifier. On nous a, à notre insu, bloqués et enfermés dans une
catégorie d’auteur qui me déplaît. Moi, j’aime raconter toutes les
choses qui m’intéressent. Je n’ai pas besoin de parler uniquement de
l’Algérie. J’ai besoin de parler aussi de psychopathes, d’écrire des
romans policiers qui se situent ailleurs. Il n’y a pas derrière une
volonté de tricher. Il y a cet amour immense que j’ai pour la
littérature et cette chance que j’ai d’avoir un imaginaire.
Pensez-vous que la littérature algérienne soit condamnée à ne trouver son épanouissement qu’en dehors de l’Algérie ?
Pour
le moment, oui. Les Algériens qui ont réussi sont ceux qui ont publié à
l’étranger. Ça ne veut pas dire qu’ils sont les meilleurs. J’ai lu des
auteurs algériens qui publient en Algérie et qui ont beaucoup plus de
talent que ceux qui écrivent à l’étranger. Mais il n’y pas d’intérêt
pour cette production au plan médiatique. Nos médias ne parlent pas
beaucoup de ces auteurs, comme les Benfodil, les Mati, les Fatima
Bakhaï qui sont vraiment des talents confirmés. Il y a peut-être un
travail d’éditeur qui n’est pas tellement professionnel, parce qu’un
texte il faut aussi l’accompagner... Mais je ne baisse pas les bras et
je suis absolument convaincu que d’ici quelques années il y aura des
noms d’Algériens un peu partout dans le monde.
A contrario, le fait de publier à l’étranger n’est pas forcément idéal. Vous parliez d’un certain enfermement…
Maintenant, les auteurs algériens sont dans la protestation. Le
conseil que je leur donnerai, c’est d’éviter la protestation parce que
ça ne dévoile pas le talent, mais seulement la frustration. Et quand on
est dans la frustration, on est dans une sorte de colère. Et dans la
colère, on n’est jamais dans la lucidité. Ce qu’il faut, c’est rester
sobre et mettre son talent au service d’une grande œuvre. Ces écrivains
sont frustrés parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi, après tous les
efforts qu’’ils déploient, que leurs travaux sont complètement ignorés,
surtout dans les médias. Je lis de temps en temps la presse, il y a des
écrivains qui sont dans une sorte d’autisme. Ils tiennent des
chroniques et ne parlent que de Joyce, Kafka, tous les gens qui n’ont
pas besoin d’eux. Alors qu’il y a des écrivains qui ont véritablement
besoin d’eux. Ce que nous offrent les écrivains algériens qui publient
en Algérie passe complètement inaperçu. Et c’est dommage. D’un autre
côté, il faudrait qu’il y ait une convention entre le ministère de la
Culture et celui de l’Education pour que les romans des écrivains
algériens touchent notre jeunesse, que les professeurs puissent
proposer un livre à leurs élèves pendant un trimestre, inviter les
écrivains dans les établissements, et, de cette manière, réinstaller
l’écrivain algérien dans sa réalité pour qu’il ne reste pas une sorte
de spore ballottée par les vents contraires.
Vous me disiez que vous portiez en vous Ce que le jour… comme un rêve ancien…
C’est
le roman qui allait exiger de moi beaucoup plus d’effort que tous les
autres. D’ailleurs, j’ai mis une année à l’écrire, alors que
L’attentat, par exemple, je l’ai écrit en deux mois. Je suis fier de ce
roman (Ce que le jour…). Maintenant, suis-je suis capable d’écrire
mieux ? Je ne sais pas. L’avenir nous le dira.
C’est un métier incertain, vous le savez. On peut écrire bien et mieux
et ne pas forcément être bien et mieux perçu par les lecteurs…
Écoutez,
il y a une réalité. La littérature est d’abord un élan narcissique. Et
tout écrivain, quel que soit son talent, se croit le meilleur. Cette
foi en soi et ce respect immodéré de son art qui fait qu’aujourd’hui
chacun se croit le meilleur, c’est tout à fait naturel et c’est ce qui
aide les écrivains à avancer. Il faut toujours se croire le meilleur.
Mais le meilleur des écrivains est celui qui dit : il faut donner le
meilleur de soi et ne pas se comparer aux autres. Jamais. Mais si cela
peut aider des écrivains à avancer, qu’ils se disent qu’ils sont les
meilleurs. On les attend. Et c’est absolument nécessaire pour l’image
de notre pays. Il faut absolument sortir de ces raccourcis terroristes
qui nous placent dans des situations peu confortables, et surtout peu
recommandables. Cet évènement à Oran, c’est une opportunité
extraordinaire. Regardez la délégation qui arrive pour accompagner ce
premier pas de l’Algérie dans le grand cinéma international. Je
souhaiterais que les Algériens profitent au maximum de cette aubaine.
*
Frenchy est sorti en septembre 2004. Il raconte l’histoire d’une
famille française installée dans une petite ville conservatrice du
Texas et qui devient l’objet d’un déchaînement hostile, suite à la
décision en 2002 de Chirac de ne pas soutenir Bush dans sa guerre
contre l’Irak. Leur petite fille est enlevée…
Par Ameziane Ferhani
Par Karim Kherbouche
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Publié dans : Littérature