L’utilisation de la vidéo en classe de FLE , par jean-michel ducrot
La présence des images dans l’environnement quotidien n’est plus à démontrer et, contrairement à une opinion très répandue, regarder et saisir le sens de ce qu’on voit n’est une activité ni naturelle, ni évidente pour les apprenants en langue : l’image n’est jamais immédiatement décodable, elle doit être objet d’étude. Il est important d’aider les apprenants étrangers à « décoder », à comprendre, saisir le sens…d’autant que l’image montre de manière plus évidente les aspects culturels d’une société. La vidéo est le moyen de susciter chez l’apprenant des réactions. Ils focaliseront leur attention sur un support encore relativement peu usité, et bien plus attractif.
Toute vidéo peut être utilisée, étant entendu que ce n’est pas tant le degré de difficulté linguistique du document qui compte que la complexité de la tâche que l’on demande à l’apprenant lors du visionnement de la séquence. Son utilisation, tout comme tout autre support, suppose une variation des exercices proposés, afin d’éviter des habitudes routinières chez l’apprenant.
Nous privilégions des types d’exercices qui peuvent convenir à un grand nombre de vidéos différentes, mais il est évident que nous ne pourrons rendre compte de la totalité des exercices possibles.
1. Objectifs généraux du travail avec la vidéo
2. Savoirs et compétences à faire acquérir aux apprenants
3. Dispositif pédagogique à mettre en place
3.1 Quels supports
3.2 Activités autour de la vidéo
4. Liens et ressources sur la vidéo
1 – Objectifs généraux du travail avec la vidéo.
A quoi sert le travail sur des documents vidéo en classe de FLE ? - Amener l’apprenant à observer, apprécier, critiquer, porter un jugement sur ce qu’il voit Apprendre à décoder des images, des sons, des situations culturelles, en ayant recours à des documents authentiques ou semi-authentiques filmés. Développer l’imagination de l’apprenant, l’amener à deviner, anticiper, formuler des hypothèses Le rendre capable de produire, reformuler, résumer, synthétiser Permettre à l’élève de construire son savoir, notamment grâce à l’utilisation d’une ressource telle que la vidéo.
2– Savoirs et compétences à faire acquérir aux apprenants
2.1 Exercer son esprit critique savoir reconnaître les différents types de messages, les supports, les sources, le public cible… savoir distinguer les fonctions des images (description, narration, explication...) savoir sélectionner, hiérarchiser des informations...
2.2 Savoir lire des messages et des documents
savoir identifier le type de document et sa source
savoir décrire ce qui a été vu et entendu
comprendre un lexique utilisé
repérer les différentes composantes et savoir retrouver l’enchaînement des idées ou de l’action
2.3 Savoir produire des énoncés adéquats (écrits et oraux)
savoir exprimer des sentiments, inspirés par ce qui a été vu et entendu dans le document vidéo.
Savoir résumer les faits qui sont été vus dans le document
Savoir interpréter et se justifier à l’oral, comme à l’écrit
Savoir argumenter, à l’oral comme à l’écrit
Savoir aussi synthétiser sa pensée à l’écrit comme à l’oral
2.4 Développer l’imaginaire à partir de la vidéo
savoir imaginer des causes à une situation donnée
savoir imaginer une suite
savoir transférer ce qui a été vu dans des situations inventées
3. Dispositif pédagogique à mettre en place
Il est souvent opportun d’utiliser la vidéo lors de séquences pédagogiques qui viennent appuyer un objectif (grammatical, un acte de langage…), ou bien d’utiliser la vidéo pour mettre en place un projet avec les apprenants, afin qu’ils puissent réinvestir ce qui a été compris, analysé, interprété… de même, la vidéo sert en classe de FLE lors de séquence de compréhension, d’analyse.
Ce support peut être l’amorce d’un débat en classe, sur le thème d’un film par exemple. Nous développerons les activités pédagogiques qui peuvent être mises en œuvre plus tard.
3.1 Quels supports peuvent être utilisés ?
un documentaire,
un reportage,
une présentation de la météo
un passage de journal télévisé enregistré
un extrait d’une émission télévisée
une série télévisée ou des extraits choisis
un court-métrage
une interview d’un personnage public
des brèves (flash spécial, journal en bref….)
des extraits de film, ou des films passés dans leur intégralité
des clips vidéo
des dessins animés
des publicités
un jeu télévisé….
3.2 Activités autour de la vidéo
Utiliser l’image sans le son
Quel que soit le type de support vidéo utilisé (documentaire, reportage, film, séquence de film…), présentez aux apprenants l’image sans le son et demandez leur de noter tout ce qui fait sens. La recherche d’informations en analysant l’image est un bon moyen ensuite de les amener à une production orale. La durée de la séquence ne doit pas dépasser 3 minutes dans un premier temps, si vous attendez que l’apprenant prenne en note le maximum d’informations. Un seul visionnement n’est pas suffisant, et doit être complété d’un second, peut-être même d’un troisième.
1. Avant le premier visionnement, vous devez leur demander de déterminer le type de séquence vidéo, le cadre spatio-temporel, de décrire les personnages … l’image seule doit leur permettre de répondre à ces questions, qu’ils traiteront ensuite à l’oral avec vous.
2. Lors du second visionnement, ils devront s’intéresser à ce que font les acteurs de la séquence vidéo, à l’enchaînement des actions. Ils décriront à l’oral ce qu’ils ont vu, et feront des hypothèses.
3. Ils peuvent avoir besoin d’un troisième visionnement de la séquence, et vous leur demanderez d’imaginer les dialogues entre les personnages (s’il s’agit d’un film), d’imaginer les slogans (s’il s’agit d’une publicité)…vous pourrez leur faire prendre conscience aussi des différents registres possibles, des différents sentiments des personnages, et éventuellement deleur faire jouer la scène imaginée ensemble tout en visionnant à nouveau la séquence sans le son. Il s’agira ici de mettre en place une sorte de doublage son (voix off). Pour cette activité, il est préférable de les faire travailler en groupe de 3 ou 4 apprenants. Vous comparerez ensuite les interprétations de chacun.
Utiliser l’image avec le son :
Ce type d’utilisation est différente, car les apprenants vont devoir focaliser leur attention sur l’image et le son à la fois, sachant que l’image sera cette fois-ci (dans bien des cas) une aide à la compréhension.
1. Projetez une ou deux minutes d’un extrait de programme enregistré ou d’une vidéo quelconque, en leur demandant de déterminer de quel type d’émission il s’agit. Ils devront ici justifier leur réponse en argumentant.
2. Avant de visionner la séquence choisie une seconde fois, vous leur demanderez de repérer toute information qui leur permettra ensuite de décrire le cadre spatio-temporel, les personnages, les actions, le registre utilisé par les personnages, les sentiments de chacun, les tons….Ces éléments pourront être déterminés grâce aux voix, à la tonalité utilisée. La bande son permet par conséquent d’aller plus loin dans l’analyse.
3. Ensuite, s’il s’agit d’une publicité, ils peuvent imaginer le slogan. S’il s’agit d’une séquence de film, demandez leur d’imaginer la suite. Si c’est un extrait d’un journal télévisé, ils pourront inventer la prochaine info….Cette activité leur donne l’occasion de faire appel à l’imaginaire, à leur créativité.
Utiliser la vidéo :
compléter une histoire Choisissez un extrait de film, de deux ou trois minutes maximum. Les apprenants visionneront ce passage crucial dans l’action, et devront imaginer les raisons pour lesquelles nous sommes arrivés à cette situation. Vous leur ferez imaginer la scène précédente. Ils travailleront une fois de plus sur l’hypothèse, en utilisant toutes les formes du possible. Ils devront aussi se justifier, et vous travaillerez ainsi l’argumentation, et la cohérence. Le même exercice peut être réalisé sur la suite de la séquence vidéo. Quelles sont les conséquences ? Vous pourrez les faire travailler sur le futur proche, le futur simple et le présent à valeur de futur.
Utiliser la vidéo comme amorce de débat (niveau avancé)
La vidéo peut être le moyen de lancer également un débat autour d’aspects culturels ou d’aspects polémiques. Vous devez choisir par exemple une séquence de film, une publicité, un extrait de feuilleton, dans lequel on met à jour un élément de société.
Toute vidéo est porteuse d’aspects caractéristiques d’une société, d’une culture, et peut facilement entraîner une discussion. Vous devrez leur faire deviner de quoi il est question après avoir visionné la séquence, et ensuite leur faire décrire la situation, le déroulement de l’action. Deux groupes peuvent être constitués une fois que le sujet du débat est lancé : l’un pour, l’autre contre. Ils devront trouver des arguments, en utilisant aussi des éléments visionnés lors de la séquence vidéo. Vous pouvez, autour de cette activité, être le modérateur du débat, et enregistrer les points des deux groupes, sachant qu’un point vaut si la réponse a bien été argumentée par le groupe.
L’exercice du « blanc vidéo » :
Il est intéressant de recopier une bande vidéo en remplaçant par un blanc un passage d’environ 1 minute. Les apprenants visionneront, par conséquent, une séquence de 3 minutes dont il manquera une partie et ils devront imaginer le déroulement de cette séquence manquante. Faites les travailler en groupe, et faites leur imaginer différents scénarios.
Cet exercice a pour objectif d’évaluer la capacité de compréhension d’un message audiovisuel, mais surtout d’améliorer la cohérence. En effet, ils devront faire des hypothèses qui impliquent une adéquation entre la séquence précédente et la séquence suivante. Ils devront aussi apporter des justifications quant à leurs propositions.
Utiliser un film visionné dans son intégralité et en faire une synthèse (niveau avancé) :
Les films en français peuvent être visionnés de deux façons :
soit l’enseignant décide de ne pas faire de coupure lors du visionnement, et les apprenants voient le film dans son intégralité.
Soit l’enseignant décide de segmenter le film, à des moments stratégiques, donnant la possibilité à l’enseignant d’enchaîner sur une activité. Dans les deux cas, le film donne lieu à une tâche concrète demandée aux apprenants. Réaliser des coupures lors du visionnement peut donner l’occasion au professeur de vérifier la compréhension, par un QCM qu’il fait suivre d’une correction immédiate et justificative, ou d’une série de questions ouvertes à l’oral orchestrées par l’enseignant lui-même. Par contre si vous décidez de ne pas réaliser de coupures, nous imaginerons un tout autre travail lié davantage à l’expression écrite : il peut être demandé aux apprenants de : faire un résumé de l’histoire débattre sur le thème du film (le sujet étant donné par le professeur) d’imaginer une suite au film d’imaginer la vie d’un des personnages, suite au film de composer un scénario sur la même trame…..
Utiliser un passage de film choisi pour une activité de grammaire :
Dans certains films, nous pouvons choisir des extraits qui exploitent plus spécialement un point grammatical précis. Si le passage contient suffisamment d’occurrences du point grammatical à traiter, vous pourrez organiser autour du point de grammaire une conceptualisation grammaticale. Par exemple, sur l’injonction, sur l’utilisation du subjonctif, sur l’impératif…. Ce sont des points grammaticaux qu’ils savent généralement utiliser mais sur lesquels ils font encore des erreurs.
Cette conceptualisation les aidera à réfléchir sur le fonctionnement de ce point et à mieux l’utiliser. Lors du visionnement de l’extrait, les apprenants devront, après avoir répondu aux questions de compréhension de l’enseignant, deviner quel est le point grammatical qu’ils vont traiter, ce qui est le plus récurrent. Le professeur les aidera à trouver ce point s’ils ne le devinent pas.
Ensuite, ils devront en visionnant une seconde fois faire un repérage des occurrences entendues, et les relever sur un papier. Ils devront ensuite faire une mise en commun de ces formes. Et proposer des hypothèses sur le fonctionnement de ces formes, en s’aidant du support vidéo.
Les phases suivantes seront celles de la vérification des hypothèses, de la formulation d’une règle (définitive ou non), et d’une phase d’appropriation, qui passera par une série d’exercices en contexte, dans lesquels il serait souhaitable d’utiliser les personnages du film et la situation dans laquelle l’action se déroule.
L’utilisation de la vidéo en classe de français langue étrangère facilite l’acte pédagogique, et rend le cours plus attrayant aux yeux des apprenants, souvent habitué à des supports plus classiques. Il s’agit également d’avoir une vision plus claire de l’univers francophone, qu’ils commencent à appréhender.
La vidéo se place parmi les nombreux supports possibles, permettant de varier nos approches en tant qu’enseignant de langue.
4. Liens et ressources sur la vidéo http://www.prof-fle.com/prof_fle/ressources_pedagogiques/video.php
Comment exploiter la vidéo en classe de FLE http://www.prof-fle.com/prof_fle/download/video.pdf
Fiche sur l’utilisation de la vidéo en classe de français http://www.prof-fle.com/prof_fle/ressources_pedagogiques/biblio.php
La vidéo en classe de FLE : Bibliographie. Liste de vidéos cassettes aidant l’enseignant en classe de FLE
http://www.espacefrancophone.org/audiovisuel/telechargement.htm
Téléchargez des vidéos éducatives et leurs guides pédagogiques http://www.fle.hachette-livre.fr/siteseducation/hachette_fle/inf/inf01_icatcher_f.jsp
Tous les mois un reportage vidéo en français avec des pistes d’exploitation pédagogique.
L’objectif : la compréhension de la langue parlée et l’immersion dans la vie quotidienne de jeunes francophones. L’élève peut dans ce cas travailler en classe multimédia, pour visionner la vidéo. http://www.tv5.org/TV5Site/enseignants/apprendre_francais.php
Comment utiliser à tous les niveaux les émissions programmées par TV5. Chaque semaine un nouveau clip vidéo sous-titré en français.
http://www.tv5.org/TV5Site/webtv_pourcinema/index.php ?rub=1&srub=35
Courts métrages sur TV5. De bons courts métrages se cachent dans les ressources de TV5 dans la partie "Talents Cannes 2003". Deux de ceux-là sont particulièrement adaptés à un travail sur la langue : "Ascenseur pour un boulot" et "Bien dit". Mais le site dispose de bien d’autres extraits tout à fait exploitables.
http://www.primages.net/primages/enseignants.html
Décrypter le JT. Sur ce nouveau site d’éducation à l’image, un document vidéo parfait pour un travail sur la presse : Entretien avec Patrick Poivre d’Arvor dans la partie témoignages.
http://www.tv5.org/TV5Site/musique/accueil.php
TV5 diffuse des extraits de clips avec les paroles. Possibilité de les télécharger et de les utiliser aussi en classe de FLE. http://www.1001feuilles.com/
Activités pédagogiques sur des extraits de films. A travailler plutôt avec des apprenants avancés en classe de FLE. Cliquez sur Activités à partir d’extraits de films. Sur cette page, vous trouverez différents documents (activités grammaticales, lexicales, compréhension de l’oral, expression écrite, étude thématique...) ayant pour support des films francophones. Documents vidéo exploitables par les apprenants :
http://www.adodoc.net/
Pratiquez le français à l’aide de documents audio et vidéo en ligne. Exercices de compréhension, de langue et de culture adaptés à des niveaux de compétences définis selon le Cadre commun européen. Les vidéos, issues des émissions Monkanar ou A toi l’actu@ sur France3 peuvent être réécoutées en version audio lente. Le site Ado.doc est un outil développé par les services culturels des ambassades de France en Egypte, Jordanie, Liban et Syrie.
http://www.ashcombe.surrey.sch.uk/Curriculum/modlang/shared/vod_fr.htm#
Des ressources vidéo avec une transcription et un exercice autour de 12 thèmes pour les enfants et adolescents, réalisées par le collège Ashcombe, Surrey, UK.