08/01/2009,
Permettez-moi de réagir à l'article paru dans le journal Liberté N° 4762 du 9 mai 2008 au sujet de l'annonce faite par le ministre de l'Éducation nationale de recruter massivement des enseignants de français. Je me réjouis de l'intérêt porté par les députés de la nation à la question de l'enseignement des disciplines en langues étrangères — et en français, en l'occurrence, dans le contexte de l'université algérienne — comme c'est le cas en sciences médicales et dans bien des filières scientifiques. Il s'agit, en effet, de réfléchir à cette situation où l'étudiant algérien, après avoir suivi un cursus scolaire (allant du primaire au secondaire en passant par le collège) en langue arabe, se trouve confronté à l'enseignement, en langue française, de bien des disciplines scientifiques, aussi bien à l'université que dans les contextes à dominante technique et technologique.
Une telle situation nouvelle dans notre jeune histoire de nation indépendante dévoile une grande lacune : l'absence d'étude renouvelée des besoins linguistiques, ce qui rend les cours traditionnels de français inadéquats. À charge aux spécialistes, alors (et ils existent et même formés dans notre pays !) d'apporter des propositions de remédiation à même de combler les déficits d'ordre linguistiques et permettre ainsi un meilleur contact avec les spécificités linguistiques des disciplines enseignées. Je fais référence, en l'espèce, à ce que l'on pourrait appeler le français langue de spécialité, formation assez pointue qui est la seule à pouvoir répondre, de manière satisfaisante, à la demande actuelle. Il suffit de mentionner la démarche originale qu'a initiée le linguiste (bien connu) Abdou El Imam à l'ENSET d'Oran. Afin de résoudre ces problèmes, il a opté pour une formation des formateurs capables de jouer un véritable rôle de coaching linguistique en domaines de spécialité. En mettant en place un magistère intitulé “Didactique de la spécialité en langue française”, il en est à sa troisième promotion (avec 8 étudiants par promotion, en moyenne). Les étudiants/enseignants qu'il a pris sous sa coupe ont été formés à sa méthodologie et ont participé à des stages, en partenariat avec les chambres de commerce et d'industrie de Paris et de Rouen. Chacun de ces étudiants a choisi, pendant son année d'étude, une spécialité et un public précis afin de créer un référentiel. Il y a donc des études concrètes de situations locales avec les référentiels correspondants. Les résultats de cette démarche originale, qui inclut l'ingénierie de formation, l'analyse structurale en linguistique, l'approche de l'enseignement en langues étrangères et enfin les sciences cognitives et les neurosciences, sont très encourageants.
Les institutions de formation supérieures — et l'ENSET d'Oran en premier lieu — gagneraient à recruter les enseignants ainsi formés car ils pourront régler les problèmes locaux, ne serait-ce que sur un plan méthodologique. Les débouchés sont immenses, car c'est du français langue professionnalisante dont ont besoin les apprenants qui recourent à la langue française. Cependant, une fois formés, ces formateurs doivent être pris en charge dans le cadre d'une politique explicite de recrutement pensée et réfléchie, à même de répondre aux besoins exigés par cette situation paradoxale. Peut-être que nos députés seront sensibles à cette information et qu'ils prendront le temps d'enquêter sur ce potentiel scientifique purement local et bien jalousé ailleurs, dans d'autres pays. C'est par ces initiatives louables et innovantes qu’on rendrait service à notre pays.
M. Aït Ouahioune Mamou
Magistère en ingénierie de formation option : didactique de spécialité en langue française
Permettez-moi de réagir à l'article paru dans le journal Liberté N° 4762 du 9 mai 2008 au sujet de l'annonce faite par le ministre de l'Éducation nationale de recruter massivement des enseignants de français. Je me réjouis de l'intérêt porté par les députés de la nation à la question de l'enseignement des disciplines en langues étrangères — et en français, en l'occurrence, dans le contexte de l'université algérienne — comme c'est le cas en sciences médicales et dans bien des filières scientifiques. Il s'agit, en effet, de réfléchir à cette situation où l'étudiant algérien, après avoir suivi un cursus scolaire (allant du primaire au secondaire en passant par le collège) en langue arabe, se trouve confronté à l'enseignement, en langue française, de bien des disciplines scientifiques, aussi bien à l'université que dans les contextes à dominante technique et technologique.
Une telle situation nouvelle dans notre jeune histoire de nation indépendante dévoile une grande lacune : l'absence d'étude renouvelée des besoins linguistiques, ce qui rend les cours traditionnels de français inadéquats. À charge aux spécialistes, alors (et ils existent et même formés dans notre pays !) d'apporter des propositions de remédiation à même de combler les déficits d'ordre linguistiques et permettre ainsi un meilleur contact avec les spécificités linguistiques des disciplines enseignées. Je fais référence, en l'espèce, à ce que l'on pourrait appeler le français langue de spécialité, formation assez pointue qui est la seule à pouvoir répondre, de manière satisfaisante, à la demande actuelle. Il suffit de mentionner la démarche originale qu'a initiée le linguiste (bien connu) Abdou El Imam à l'ENSET d'Oran. Afin de résoudre ces problèmes, il a opté pour une formation des formateurs capables de jouer un véritable rôle de coaching linguistique en domaines de spécialité. En mettant en place un magistère intitulé “Didactique de la spécialité en langue française”, il en est à sa troisième promotion (avec 8 étudiants par promotion, en moyenne). Les étudiants/enseignants qu'il a pris sous sa coupe ont été formés à sa méthodologie et ont participé à des stages, en partenariat avec les chambres de commerce et d'industrie de Paris et de Rouen. Chacun de ces étudiants a choisi, pendant son année d'étude, une spécialité et un public précis afin de créer un référentiel. Il y a donc des études concrètes de situations locales avec les référentiels correspondants. Les résultats de cette démarche originale, qui inclut l'ingénierie de formation, l'analyse structurale en linguistique, l'approche de l'enseignement en langues étrangères et enfin les sciences cognitives et les neurosciences, sont très encourageants.
Les institutions de formation supérieures — et l'ENSET d'Oran en premier lieu — gagneraient à recruter les enseignants ainsi formés car ils pourront régler les problèmes locaux, ne serait-ce que sur un plan méthodologique. Les débouchés sont immenses, car c'est du français langue professionnalisante dont ont besoin les apprenants qui recourent à la langue française. Cependant, une fois formés, ces formateurs doivent être pris en charge dans le cadre d'une politique explicite de recrutement pensée et réfléchie, à même de répondre aux besoins exigés par cette situation paradoxale. Peut-être que nos députés seront sensibles à cette information et qu'ils prendront le temps d'enquêter sur ce potentiel scientifique purement local et bien jalousé ailleurs, dans d'autres pays. C'est par ces initiatives louables et innovantes qu’on rendrait service à notre pays.
M. Aït Ouahioune Mamou
Magistère en ingénierie de formation option : didactique de spécialité en langue française