Reportage : Bechar (Mardi 03 Novembre 2009)
ELLE RECÈLE DE NOMBREUX SITES
Béni Abbès : la perle de la Saoura en quête de son aura perdue
Par
:
Arab Chih
Lu : (272 fois)
De par ses potentialités immenses, elle ambitionne d’être à nouveau une destination touristique comme à la belle époque. il
ne faut pas sortir d’une grande école du tourisme pour s’en apercevoir
: la région de Béni Abbès peut légitiment prétendre au statut de grande
destination touristique. C’est qu’elle recèle de formidables
potentialités touristiques qui laisseront pantois d’émerveillement les
amoureux du beau. Sa vocation touristique, elle l’affiche fièrement
comme on arbore de beaux bijoux pour plaire à des convives. Mais la
beauté de la perle de la Saoura, qu’on appelait dans les années 1970
l’oasis blanche, est naturelle, sans fard. Juste à l’entrée de la
ville, une belle et grande palmeraie longe la rive de l’oued Saouera
qui, après avoir irrigué une flopée de ksour de la région, part mourir
quelque part à Adrar. Un peu plus haut, à droite, est implanté, au cœur
même de la palmeraie, le vieux ksar où chaque famille dispose d’une
habitation qui donne sur un jardin. Classé patrimoine universel, ce
fouillis de maisonnées est un véritable joyau architectural qui, avec
une plus grande médiatisation, drainera des bataillons de touristes. À
gauche, juste derrière le théâtre où se tenaient les festivités du
Mawlid, s’étend le quartier des colons où se trouvent le musée et le
zoo qui malheureusement ne sont plus ce qu’ils étaient. Et pour
rejoindre la ville tout en haut, il faut emprunter une route ceinturée
par des arcades. À mi-chemin, on aperçoit à sa gauche une vaste bâtisse
: c’est l’hôtel Rym, une belle structure forte de 120 chambres, qui,
pour cause de manque de rentabilité économique, pourrait être converti,
dans un proche avenir, en une école de tourisme. Une bonne décision ?
Pas sûr. C’est que son emplacement — c’est son atout-maître — est
unique. Tout en dominant la palmeraie, il s’adosse à la grande dune
qui, le soir, est prise d’assaut par les habitants de la ville, hommes
et femmes, histoire de profiter de la fraîcheur vespérale et se
retrouver avec des amis après le retranchement diurne de plusieurs
heures imposé par le soleil. L’été, beaucoup de nationaux viennent ici
pour s’ensevelir sous son sable cuisant dans l’espoir de guérir de
leurs rhumatismes. C’est au pied de cette gigantesque dune où, pendant
l’hiver, on s’adonne au ski sur sable que se tiennent les festivités
des nuits métisses qui, chaque fin décembre attirent bien du monde. Le
terrain est convoité par une dame qui veut implanter une auberge. C’est
dire que cet établissement hôtelier est dans un site incomparable. Il
faut aller à l’autre extrémité de la ville pour trouver un lieu aussi
beau que stratégique : celui où est construit l’hôtel Le Grand-Erg qui,
du temps de la France, se nommait hôtel Citroën. De sa terrasse s’offre
un tableau paradisiaque : la palmeraie et l’oued qui, dans leur
entrecroisement, forment un scorpion. À l’arrêt depuis 6 ans, il a été
repris fin 2008 par un jeune investisseur algérois, chef d’une
entreprise de nettoyage à Alger. L’établissement ayant subi beaucoup de
saccages, M. Sahnoun a engagé, depuis février, des travaux de réfection
qui lui ont coûté les yeux de la tête. De ses différents voyages à
l’étranger, il est revenu la tête pleine d’idées qu’il compte mettre en
œuvre avec l’acquisition de son hôtel. “Au début, j’ai failli
abandonner vu l’état où se trouvait l’établissement. J’ai envie de
faire quelque chose de convivial, de familial où ceux qui viendront y
séjourner seront à l’aise”, explique-t-il. Et comme l’effort est
toujours récompensé, une partie de l’hôtel sera ouverte avant la fin de
l’année. Mais il ne veut pas en rester là : il compte aussi solliciter
un crédit bancaire pour construire une piscine, acquérir un ou deux
minibus pour assurer le transport à ses clients à partir de Béchar et
créer une agence de voyages en travaillant en partenariat avec des gens
de Béni Abbès. La réussite sera-t-elle au bout de son aventure
entrepreneuriale ? “Je suis optimiste à plus forte raison que le
ministre du Tourisme a affiché sa volonté de venir en aide aux régions
touristiques. J’ai le pressentiment que mon projet va réussir”,
confie-t-il.
À quelques centaines de mètres d’ici, on découvre
l’Hermitage du père de Foucauld, construit en 1905 et aujourd’hui tenu
par sept de ses disciples qu’on appelle les frères et sœurs de Jésus.
Alentour, un jardin et la maison des sœurs. Humains et tolérants, ils
sont très appréciés à Béni Abbès au point d’être invités à des fêtes
religieuses ou autres. Un des leurs est mort il y a quelques mois des
suites d’un accident. Il a été enterré ici. Autres richesses dont peut
se targuer Béni Abbès : les gravures rupestres de Marhouma, à 30 km de
la ville ainsi que la muraille de Chine, des monticules naturels qui
ressemblent à la merveille de l’empire du Milieu.
C’est dire que
la perle de la Saoura peut développer plusieurs formes de tourisme :
saharien, religieux, sanitaire, culturel, scientifique, etc. Et elle
dispose d’un réseau associatif assez dynamique qui est en relation avec
des associations étrangères. L’exemple de l’Association de
développement de l’agriculture saharienne, du tourisme et de la
protection de l’environnement dont le coordinateur est Touhami
Merzougui est édifiant. Mais y a-t-il vraiment du tourisme à Béni Abbès
? C’est presque l’Arlésienne : tout le monde en parle, mais on n’en
voit pas la trace. Ce ne sont pas les centaines d’inconditionnels
touristes étrangers qui y viennent presque chaque année qui attesteront
du contraire. Pourtant, il fut un temps où la chaîne de touristes
étrangers qui veulent faire le change va de l’actuel siège de la Badr à
l’hôtel Rym. Des Français, des Allemands, des Espagnols, des Italiens,
des Américains, il y en avait de toutes les races. C’était la période
faste de Béni Abbès. Encore que ces dernières années, l’activité
touristique a repris quelque peu. Question : où en sont les préparatifs
pour la présente saison touristique ? “Nous sommes en train d’apporter
les dernières retouches pour le festival musical Les nuits métisses qui
va se tenir fin décembre. Les contacts avec la partie française (une
association de la région marseillaise) sont entamés pour avoir une idée
sur le nombre de personnes qui vont venir. En outre, on compte aussi
organiser, en mars prochain, les festivités du Mawlid qui attirent
beaucoup de monde”, détaille M. Bouhada, P/APC, RCD.
ELLE RECÈLE DE NOMBREUX SITES
Béni Abbès : la perle de la Saoura en quête de son aura perdue
Par
:
Arab Chih
Lu : (272 fois)
De par ses potentialités immenses, elle ambitionne d’être à nouveau une destination touristique comme à la belle époque. il
ne faut pas sortir d’une grande école du tourisme pour s’en apercevoir
: la région de Béni Abbès peut légitiment prétendre au statut de grande
destination touristique. C’est qu’elle recèle de formidables
potentialités touristiques qui laisseront pantois d’émerveillement les
amoureux du beau. Sa vocation touristique, elle l’affiche fièrement
comme on arbore de beaux bijoux pour plaire à des convives. Mais la
beauté de la perle de la Saoura, qu’on appelait dans les années 1970
l’oasis blanche, est naturelle, sans fard. Juste à l’entrée de la
ville, une belle et grande palmeraie longe la rive de l’oued Saouera
qui, après avoir irrigué une flopée de ksour de la région, part mourir
quelque part à Adrar. Un peu plus haut, à droite, est implanté, au cœur
même de la palmeraie, le vieux ksar où chaque famille dispose d’une
habitation qui donne sur un jardin. Classé patrimoine universel, ce
fouillis de maisonnées est un véritable joyau architectural qui, avec
une plus grande médiatisation, drainera des bataillons de touristes. À
gauche, juste derrière le théâtre où se tenaient les festivités du
Mawlid, s’étend le quartier des colons où se trouvent le musée et le
zoo qui malheureusement ne sont plus ce qu’ils étaient. Et pour
rejoindre la ville tout en haut, il faut emprunter une route ceinturée
par des arcades. À mi-chemin, on aperçoit à sa gauche une vaste bâtisse
: c’est l’hôtel Rym, une belle structure forte de 120 chambres, qui,
pour cause de manque de rentabilité économique, pourrait être converti,
dans un proche avenir, en une école de tourisme. Une bonne décision ?
Pas sûr. C’est que son emplacement — c’est son atout-maître — est
unique. Tout en dominant la palmeraie, il s’adosse à la grande dune
qui, le soir, est prise d’assaut par les habitants de la ville, hommes
et femmes, histoire de profiter de la fraîcheur vespérale et se
retrouver avec des amis après le retranchement diurne de plusieurs
heures imposé par le soleil. L’été, beaucoup de nationaux viennent ici
pour s’ensevelir sous son sable cuisant dans l’espoir de guérir de
leurs rhumatismes. C’est au pied de cette gigantesque dune où, pendant
l’hiver, on s’adonne au ski sur sable que se tiennent les festivités
des nuits métisses qui, chaque fin décembre attirent bien du monde. Le
terrain est convoité par une dame qui veut implanter une auberge. C’est
dire que cet établissement hôtelier est dans un site incomparable. Il
faut aller à l’autre extrémité de la ville pour trouver un lieu aussi
beau que stratégique : celui où est construit l’hôtel Le Grand-Erg qui,
du temps de la France, se nommait hôtel Citroën. De sa terrasse s’offre
un tableau paradisiaque : la palmeraie et l’oued qui, dans leur
entrecroisement, forment un scorpion. À l’arrêt depuis 6 ans, il a été
repris fin 2008 par un jeune investisseur algérois, chef d’une
entreprise de nettoyage à Alger. L’établissement ayant subi beaucoup de
saccages, M. Sahnoun a engagé, depuis février, des travaux de réfection
qui lui ont coûté les yeux de la tête. De ses différents voyages à
l’étranger, il est revenu la tête pleine d’idées qu’il compte mettre en
œuvre avec l’acquisition de son hôtel. “Au début, j’ai failli
abandonner vu l’état où se trouvait l’établissement. J’ai envie de
faire quelque chose de convivial, de familial où ceux qui viendront y
séjourner seront à l’aise”, explique-t-il. Et comme l’effort est
toujours récompensé, une partie de l’hôtel sera ouverte avant la fin de
l’année. Mais il ne veut pas en rester là : il compte aussi solliciter
un crédit bancaire pour construire une piscine, acquérir un ou deux
minibus pour assurer le transport à ses clients à partir de Béchar et
créer une agence de voyages en travaillant en partenariat avec des gens
de Béni Abbès. La réussite sera-t-elle au bout de son aventure
entrepreneuriale ? “Je suis optimiste à plus forte raison que le
ministre du Tourisme a affiché sa volonté de venir en aide aux régions
touristiques. J’ai le pressentiment que mon projet va réussir”,
confie-t-il.
À quelques centaines de mètres d’ici, on découvre
l’Hermitage du père de Foucauld, construit en 1905 et aujourd’hui tenu
par sept de ses disciples qu’on appelle les frères et sœurs de Jésus.
Alentour, un jardin et la maison des sœurs. Humains et tolérants, ils
sont très appréciés à Béni Abbès au point d’être invités à des fêtes
religieuses ou autres. Un des leurs est mort il y a quelques mois des
suites d’un accident. Il a été enterré ici. Autres richesses dont peut
se targuer Béni Abbès : les gravures rupestres de Marhouma, à 30 km de
la ville ainsi que la muraille de Chine, des monticules naturels qui
ressemblent à la merveille de l’empire du Milieu.
C’est dire que
la perle de la Saoura peut développer plusieurs formes de tourisme :
saharien, religieux, sanitaire, culturel, scientifique, etc. Et elle
dispose d’un réseau associatif assez dynamique qui est en relation avec
des associations étrangères. L’exemple de l’Association de
développement de l’agriculture saharienne, du tourisme et de la
protection de l’environnement dont le coordinateur est Touhami
Merzougui est édifiant. Mais y a-t-il vraiment du tourisme à Béni Abbès
? C’est presque l’Arlésienne : tout le monde en parle, mais on n’en
voit pas la trace. Ce ne sont pas les centaines d’inconditionnels
touristes étrangers qui y viennent presque chaque année qui attesteront
du contraire. Pourtant, il fut un temps où la chaîne de touristes
étrangers qui veulent faire le change va de l’actuel siège de la Badr à
l’hôtel Rym. Des Français, des Allemands, des Espagnols, des Italiens,
des Américains, il y en avait de toutes les races. C’était la période
faste de Béni Abbès. Encore que ces dernières années, l’activité
touristique a repris quelque peu. Question : où en sont les préparatifs
pour la présente saison touristique ? “Nous sommes en train d’apporter
les dernières retouches pour le festival musical Les nuits métisses qui
va se tenir fin décembre. Les contacts avec la partie française (une
association de la région marseillaise) sont entamés pour avoir une idée
sur le nombre de personnes qui vont venir. En outre, on compte aussi
organiser, en mars prochain, les festivités du Mawlid qui attirent
beaucoup de monde”, détaille M. Bouhada, P/APC, RCD.