Soirmagazine : L’entretien de la semaine
RAMDANI NADIA ET AÏSSANI SALEM, CONSEILLERS D’ORIENTATION PSYCHOLOGIQUE AU CENTRE D’ORIENTATION SCOLAIRE ET PROFESSIONNELLE DE GUELMA, À SOIRMAGAZINE
"Nous déplorons le comportement de certains enseignants"
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/02/04/article.php?sid=129785&cid=52
RAMDANI NADIA ET AÏSSANI SALEM, CONSEILLERS D’ORIENTATION PSYCHOLOGIQUE AU CENTRE D’ORIENTATION SCOLAIRE ET PROFESSIONNELLE DE GUELMA, À SOIRMAGAZINE
"Nous déplorons le comportement de certains enseignants"
Entretien réalisé par Noureddine Guergour
Dans un entretien qu’ils ont bien voulu nous accorder, Ram- dani Nadia et Aïssani Salem nous apportent leur éclairage sur le phénomène du stress des parents lors des examens. Ils nous donnent quelques conseils d’attitude à adopter en cette période vécue comme un malaise pour les parents mais surtout pour l’enfant.
Soirmagazine : Depuis quelques années, nous assistons à un véritable phénomène relatif au stress vécu par les parents lors des examens scolaires. Pensez-vous que c'est nouveau?
Ramdani Nadia - Aïssani Salem : En période d’examen scolaire, le stress a été depuis longtemps présent du côté des parents. Le phénomène n'est donc pas récent. En revanche, il prend une dimension nouvelle ces dernières années, car la réussite scolaire est considérée aujourd’hui comme un levier potentiel de progression sociale.
Nous pensons aussi que cela est dû à l’évolution du niveau d’instruction des parents, qui sont aujourd’hui nombreux à encadrer leurs enfants. Nous avons l'impression que l'angoisse a changé de camp ; de l'enfant elle est passée chez les parents, engendrant un esprit démesuré d'émulation, voire de concurrence malsaine. Comment expliquez-vous ce comportement ?
On ne peut pas dire que l’angoisse a changé de camp, mais disons qu’elle gagne les parents, surtout la mère qui développe le plus souvent une hyperanxiété qui la pousse à exercer un contrôle exagéré sur les enfants à tous les niveaux, notamment au niveau scolaire. Quoi qu’il en soit, à l’approche des examens, le stress et l’anxiété sont ressentis aussi bien par les enfants que par leurs familles.
“Certains parents franchissent le Rubicon en incitant les enfants à tricher aux examens. Pour eux, la réussite n’a pas de prix ni de limites.”
Les parents sont aujourd’hui focalisés sur les bonnes notes et les fortes moyennes, sans pour autant s'inquiéter du niveau scolaire de leurs enfants. C’est la raison pour laquelle on peut dire qu’il s’agit là d’un esprit démesuré, voire même de concurrence malsaine. Nous dirons même qu’il y a des fois où certains parents franchissent le Rubicon en incitant les enfants à tricher aux examens. Pour eux, la réussite n’a pas de prix ni de limites.
Aujourd'hui, les discussions des parents tournent souvent autour du stress des examens qu'ils évoquent à n'importe quelle occasion : fête ou décès. Quelle est votre analyse ?
Tout à fait, ce sujet occupe une bonne partie des débats et discussions des parents, risquant de devenir une obsession. C’est un effet caractéristique d’une pression autour de la réussite scolaire et ses répercussions sur le quotidien de la famille, provoquant parfois des tensions extrêmes chez certains parents. Au risque de me répéter, ces comportements renforcent l’idée de la concurrence malsaine, car la réussite scolaire constitue pour la plupart des familles une impérieuse nécessité pour l’ascension sociale.
Parfois, pour ne pas dire souvent, ce sont les mamans qui transfèrent cette angoisse à leurs enfants, un comportement qui perturbe l'élève dans sa scolarité. Quels conseils donnez-vous, d'abord aux parents, ensuite à l’enfant ?
On dit souvent que les études c’est «le métier» de l’enfant. Toutefois, l’angoisse des parents s’exprime par des attitudes qui ont tendance à inverser les rôles, c’est plus souvent le cas de la mère que du père. Les enfants deviennent incapables de contenir les importantes pressions que leur fait subir la maman. Cette dernière met ainsi de côté la stabilité des conditions de vie des enfants scolarisés.
“Les enfants deviennent incapables de contenir les importantes pressions que leur fait subir la maman.”
Enfin, nous tenons à déplorer le comportement inacceptable de certains enseignants qui se désengagent totalement de leur mission qui consiste à enseigner, encadrer, conseiller, et accompagner les élèves tout au long de leur scolarité. Il ne faut pas que ce soit toujours les parents qui endossent le rôle du suivi scolaire (les parents paniquent face à une telle démission et inconsciemment se substituent à l’enseignant, surtout quand ce dernier ne cesse de leur répéter «il faut faire réviser vos enfants, nous ne pouvons pas tout faire», cela résonne comme une culpabilité) pour prévenir le blocage psychologique chez l’enfant qui risque de survenir à n’importe quel moment de la scolarité. Les parents doivent aider et entourer l’enfant en période d’examen, mais seulement, il faut le faire avec modération et prudence, et surtout éviter de prendre des décisions à sa place, car il n’a besoin que d’être orienté. Ce qu’il faut également savoir, c’est qu’un enfant qui a été régulier depuis son premier cours n’a pas besoin nécessairement d’une attention particulière en cette période cruciale, car il peut se prendre très bien en charge tout seul et se motiver par soi-même.
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