Texte :
Contre le sport.
Je suis contre. Je suis contre parce qu’il y a un ministre des Sports et qu’il n’y a pas de
ministre du Bonheur (on n’a pas fini de m’entendre parler du bonheur, qui est le seul but
raisonnable de l’existence). Quant au sport, qui a besoin d’un ministre (pour un tas de raison,
d’ailleurs, qui n’ont rien à voir avec le sport), voilà ce qui se passe : quarante mille personnes
s’assoient sur les gradins d’un stade et vingt-deux types tapent du pied dans un ballon.
Ajoutons suivant les régions un demi-million de gens qui jouent au concours de pronostics, et
vous avez ce qu’on appelle le sport. C’est un spectacle, un jeu, une combine ; on dit aussi une
profession : il y a les professionnels et les amateurs. Professionnels et amateurs ne sont que
vingt-deux ou vingt-six au maximum ; les sportifs qui sont assis sur les gradins, avec des
banderoles, des porte-voix et des nerfs sont quarante, cinquante ou cent mille ; on rêve de
stades d’un million de places dans des pays où il manque cent mille lits dans des hôpitaux, et
vous pouvez parier à coup sûr que le stade finira par être construit et les malades continueront
à ne pas être soignés comme il faut par manque de place. Le sport est sacré ; or, c’est la plus
belle escroquerie des temps modernes. Il n’est pas vrai que ce soit la santé, il n’est pas vrai
que ce soit la beauté ; il n’est pas vrai que ce soit la vertu, il n’est pas vrai que ce soit le signe
de la civilisation. […]
A une époque où on ne faisait pas de sport, on montait au mont Blanc par des voies
non frayées ; les grandes expéditions des sportifs qui vont soi-disant conquérir les Everest ne
s’élèveraient pas plus haut que la tour Eiffel, s’ils n’étaient presque portés par des indigènes
du pays qui ne sont pas du tout des sportifs. Quand Jazy court (en France, en Belgique, en
Suède, en URSS, où vous voudrez, n’importe où, si ça lui fait plaisir de courir, et s’il est
agréable à cent mille ou deux cent mille personnes de le regarder courir), qu’est-ce que
c’est ? C’est un homme qui court ; et qu’est-ce que ça prouve ? Absolument rien. Quand un
tel arrive premier en haut de l’Aubisque est-ce que ça a changé grand-chose à la marche du
monde ? Que certains soient friands de ce spectacle, encore une fois pourquoi pas ? Ca ne me
gêne pas. Ce qui me gêne, c’est quand vous me dites qu’il faut que nous arrivions tous
premier en haut de l’Aubisque sous peine de perdre notre rang dans la hiérarchie des nations.
Ce qui me gêne, c’est quand, pour atteindre soi-disant ce bout ridicule, nous négligions le
véritable travail de l’homme. Je suis content qu’un tel ou une telle « réalise un temps
remarquable » (pour parler comme un sportif) dans la brasse papillon, voilà à mon avis de
quoi réjouir une fin d’après-midi pour qui a réalisé cet exploit, mais de là à pavoiser les
bâtiments publics, il y a loin.
D’après Jean GIONO, Les terrasses de l’île d’Elbe, Ed. Gallimard, 1976.
Col d’Aubisque : Sommet des Pyrénées-Atlantiques, à 1709 m d’altitude, que les cyclistes du Tour de France
doivent franchir.
Propositions de sujets-type de Français au Baccalauréat Année scolaire 2007/2008
Série : Lettres et Philosophie Durée : 2 heures Coefficient :03
Texte : Contre le sport de J.Giono
QUESTIONS
I/ COMPREHENSION : (13 Pts)
1- Relevez les marques de la présence de l’auteur dans son écrit et justifiez quelle est sa
position par rapport au sport.
2- « Le sport est sacré » ( Relevez dans le premier paragraphe, quatre termes ou
expressions qui justifient cette affirmation.
3- Dans ce même paragraphe, à quoi se réduit, d’après l’auteur, le sport tel qu’il est
pratiqué actuellement ?
4- L’auteur ne semble pas apprécier une catégorie de sportifs des gradins. Qui sont
exactement ? Sur quel ton (de quelle manière) l’auteur en parle-t-il ?
5- « Ce qui me gêne, c’est quand vous me dites qu’il faut que nous arrivions tous premier
à l’Aubisque sous peine de perdre notre place dans la hiérarchie des Nations »: Contre
quel sport l’auteur s’élève-t-il ?
6- Dans la dernière phrase du paragraphe 1, l’auteur utilise 4 fois une forme négative.
Relevez cette répétition. Comment la comprenez-vous ?
II/ PRODUCTION ECRITE (07 Pts)
« Le sport est la santé, il est la beauté et la vertu.»
Dans le cadre d’un débat d’idées sur l’utilité du sport, exposez les arguments que les
défenseurs du sport pourraient apporter pour justifiez cette affirmation.
Contre le sport.
Je suis contre. Je suis contre parce qu’il y a un ministre des Sports et qu’il n’y a pas de
ministre du Bonheur (on n’a pas fini de m’entendre parler du bonheur, qui est le seul but
raisonnable de l’existence). Quant au sport, qui a besoin d’un ministre (pour un tas de raison,
d’ailleurs, qui n’ont rien à voir avec le sport), voilà ce qui se passe : quarante mille personnes
s’assoient sur les gradins d’un stade et vingt-deux types tapent du pied dans un ballon.
Ajoutons suivant les régions un demi-million de gens qui jouent au concours de pronostics, et
vous avez ce qu’on appelle le sport. C’est un spectacle, un jeu, une combine ; on dit aussi une
profession : il y a les professionnels et les amateurs. Professionnels et amateurs ne sont que
vingt-deux ou vingt-six au maximum ; les sportifs qui sont assis sur les gradins, avec des
banderoles, des porte-voix et des nerfs sont quarante, cinquante ou cent mille ; on rêve de
stades d’un million de places dans des pays où il manque cent mille lits dans des hôpitaux, et
vous pouvez parier à coup sûr que le stade finira par être construit et les malades continueront
à ne pas être soignés comme il faut par manque de place. Le sport est sacré ; or, c’est la plus
belle escroquerie des temps modernes. Il n’est pas vrai que ce soit la santé, il n’est pas vrai
que ce soit la beauté ; il n’est pas vrai que ce soit la vertu, il n’est pas vrai que ce soit le signe
de la civilisation. […]
A une époque où on ne faisait pas de sport, on montait au mont Blanc par des voies
non frayées ; les grandes expéditions des sportifs qui vont soi-disant conquérir les Everest ne
s’élèveraient pas plus haut que la tour Eiffel, s’ils n’étaient presque portés par des indigènes
du pays qui ne sont pas du tout des sportifs. Quand Jazy court (en France, en Belgique, en
Suède, en URSS, où vous voudrez, n’importe où, si ça lui fait plaisir de courir, et s’il est
agréable à cent mille ou deux cent mille personnes de le regarder courir), qu’est-ce que
c’est ? C’est un homme qui court ; et qu’est-ce que ça prouve ? Absolument rien. Quand un
tel arrive premier en haut de l’Aubisque est-ce que ça a changé grand-chose à la marche du
monde ? Que certains soient friands de ce spectacle, encore une fois pourquoi pas ? Ca ne me
gêne pas. Ce qui me gêne, c’est quand vous me dites qu’il faut que nous arrivions tous
premier en haut de l’Aubisque sous peine de perdre notre rang dans la hiérarchie des nations.
Ce qui me gêne, c’est quand, pour atteindre soi-disant ce bout ridicule, nous négligions le
véritable travail de l’homme. Je suis content qu’un tel ou une telle « réalise un temps
remarquable » (pour parler comme un sportif) dans la brasse papillon, voilà à mon avis de
quoi réjouir une fin d’après-midi pour qui a réalisé cet exploit, mais de là à pavoiser les
bâtiments publics, il y a loin.
D’après Jean GIONO, Les terrasses de l’île d’Elbe, Ed. Gallimard, 1976.
Col d’Aubisque : Sommet des Pyrénées-Atlantiques, à 1709 m d’altitude, que les cyclistes du Tour de France
doivent franchir.
Propositions de sujets-type de Français au Baccalauréat Année scolaire 2007/2008
Série : Lettres et Philosophie Durée : 2 heures Coefficient :03
Texte : Contre le sport de J.Giono
QUESTIONS
I/ COMPREHENSION : (13 Pts)
1- Relevez les marques de la présence de l’auteur dans son écrit et justifiez quelle est sa
position par rapport au sport.
2- « Le sport est sacré » ( Relevez dans le premier paragraphe, quatre termes ou
expressions qui justifient cette affirmation.
3- Dans ce même paragraphe, à quoi se réduit, d’après l’auteur, le sport tel qu’il est
pratiqué actuellement ?
4- L’auteur ne semble pas apprécier une catégorie de sportifs des gradins. Qui sont
exactement ? Sur quel ton (de quelle manière) l’auteur en parle-t-il ?
5- « Ce qui me gêne, c’est quand vous me dites qu’il faut que nous arrivions tous premier
à l’Aubisque sous peine de perdre notre place dans la hiérarchie des Nations »: Contre
quel sport l’auteur s’élève-t-il ?
6- Dans la dernière phrase du paragraphe 1, l’auteur utilise 4 fois une forme négative.
Relevez cette répétition. Comment la comprenez-vous ?
II/ PRODUCTION ECRITE (07 Pts)
« Le sport est la santé, il est la beauté et la vertu.»
Dans le cadre d’un débat d’idées sur l’utilité du sport, exposez les arguments que les
défenseurs du sport pourraient apporter pour justifiez cette affirmation.