http://www.elwatan.com/De-l-evaluation-de-l-apprenantDe l’évaluation de l’apprenant dans le système éducatif
« En toute chose, l’on ne reçoit qu’en raison de ce que l’on donne. »
Balzac
Les
procédures d’évaluation constituent l’une des lacunes dans le système
éducatif algérien, alors que l’évaluation est un concept ne recouvrant
pas la même réalité pour tous, y compris au sein d’éducateurs d’un même
cycle. Selon une définition, évaluer un système c’est « recueillir sous
des formes différentes et à des moments divers, des informations sur ce
système, en vue de prendre une décision ». Evaluer, c’est aussi
« mesurer l’écart entre un objectif et un résultat au cours d’une
situation donnée ». Autrement dit, l’évaluation consiste à savoir quels
sont les objectifs que l’on se donne, et déterminer ensuite si ces
derniers ont été réalisés. Précisons également que pour évaluer un
système quelconque, il est nécessaire d’évaluer tous les éléments qui
le composent, sachant, d’après une définition sommaire, qu’un système
est un ensemble d’éléments en interaction dynamique, organisés en
fonction d’un but. Pour tout système de formation, il faudrait donc
évaluer chacun des éléments, tels le contenu des programmes, les
méthodes d’enseignement, les apprenants, les formateurs,
l’infrastructure, le personnel administratif...
Cette contribution va aborder uniquement l’évaluation de l’un des
éléments du système éducatif, c’est-à-dire les apprenants (élèves ou
étudiants) qui constituent la raison d’être de toute organisation
éducative. Faisant partie intégrante du métier d’enseignant,
l’évaluation constitue un acte pédagogique essentiel. Il est donc
impossible de parler d’enseignement sans parler d’apprentissage, comme
il est impossible de parler d’apprentissage sans cerner l’évaluation de
cet apprentissage. A cet effet, mentionnons qu’une discipline
scientifique et, à part entière, la docimologie, est consacrée à
l’étude du déroulement des évaluations en pédagogie. Plus récemment,
une autre discipline, l’édumétrie s’occupe des « questions théoriques,
méthodologiques et techniques relatives aux pratiques d’évaluation et
de mesure en éducation ». Mais il est vrai que face à une « gestion »
d’une « urgence durable » et de flux ininterrompus, la didactique et la
pédagogie font figure de parents pauvres dans notre système éducatif.
D’autre part, l’évaluation est essentiellement confinée, dans la
pratique, aux devoirs et aux examens, donc à des notes. En outre, il
faudrait rappeler que dans certains pays plus avancés que le nôtre, les
notes sont moins pointilleuses et sont exprimées parfois, sinon
souvent, à l’aide de cinq à six lettres. Sachant maintenant que chez
nous, et notamment dans les disciplines scientifiques, la correction
des copies se fait jusqu’au quart de point près, il est aisé de
remarquer que pour une copie notée sur vingt, nous n’avons pas moins de
quatre-vingts notes possibles situées entre zéro et vingt. Quelle
superbe précision dans les subdivisions pour une « procédure » appelée
évaluation ! Quatre-vingts nombres dans nos écoles et universités,
contre six lettres dans des systèmes éducatifs les plus performants du
monde. « La précision numérique est souvent une émeute de chiffres »,
dixit l’épistémologue Gaston Bachelard.
Selon plusieurs auteurs, et au vu des pratiques largement adoptées,
l’apprenant est soumis à quatre types d’évaluation : initiale,
formative, formatrice et sommative. L’évaluation initiale est une
procédure préliminaire qui conduit le formateur à dresser un bilan des
connaissances et capacités nécessaires pour aborder de nouvelles
notions. Il s’agit dans cette procédure de ne pas adopter une position
inflexible, où l’on estime que sans tel ou tel prérequis, l’apprenant
ne pourra pas progresser. Intervenant avant le début d’un enseignement
donné, cette évaluation est un diagnostic qui n’est pas sanctionné par
une note. Elle permet d’identifier les connaissances acquises ou
requises, aussi bien pour l’enseignant que pour les apprenants.
Ces derniers devraient être ainsi amenés à revoir des notions déjà
vues ; le praticien réorganisera alors ses enseignements en fonction
des observations tirées de cette évaluation diagnostique. L’évaluation
formative est, selon la définition formulée par B. Bloom, « l’ensemble
des procédures utilisées par le formateur afin de situer la progression
des apprenants face aux objectifs assignés, en vue de diagnostiquer les
difficultés éventuelles et d’y apporter les ‘‘remédiations’’
pédagogiques adéquates ». C’est une démarche « intégrée à un
apprentissage » où l’apprenant peut mesurer le chemin parcouru et celui
restant à parcourir.
L’erreur est positive, elle fait partie de l’acte d’apprendre ; elle
n’est plus considérée comme objet de sanction ou source de
« différenciation », mais élément de diagnostic et indicateur de
réorganisation des tâches éducatives en vue de rectifier le processus
d’apprentissage.
L’évaluation formative, qui est orientée vers une aide
pédagogique immédiate, est aussi un temps de réassurance et de mise en
confiance de celui qui apprend. Cette forme d’évaluation, qui a pour
but d’informer les apprenants et l’enseignant sur le degré d’atteinte
des objectifs de l’apprentissage, s’effectue au début, durant ou à la
fin d’une séquence d’apprentissage.
Elle tend à réguler les activités d’apprentissage, soutenir les
efforts des apprenants et vérifier leurs acquis à diverses étapes. Elle
permet également d’assurer la progression continue des enseignements
par le biais « d’activités correctives, d’activités de renforcement ou
d’activités d’enrichissement des connaissances ». Une forme importante
de ce type d’évaluation (Bloom parle de procédures dans sa définition
citée plus haut) consiste à utiliser, autant que possible, ce qui est
appelé le feed-back, c’est-à-dire l’interactivité. Il s’agit donc de
faire participer activement les apprenants aux séances d’enseignement.
Concernant l’évaluation formatrice dont le but est d’impliquer
l’apprenant en dehors des séances d’enseignement, elle demeure
toutefois le résultat d’un apprentissage sous l’impulsion du
formateur-accompagnateur. L’évaluation formatrice permet à l’apprenant
de gérer son travail personnel, de favoriser une autogestion des
erreurs et de s’approprier les critères d’évaluation. Dès lors, nous
pouvons éliminer certains conflits, sinon les atténuer, car il arrive
souvent, par exemple, que des étudiants n’arrivent pas à comprendre la
« réalité » des notes qui leur ont été attribuées.
Après un ensemble de tâches d’apprentissage, après une formation
constituant un tout, correspondant à un chapitre de cours ou à
l’ensemble des cours d’une période donnée, il s’agit pour l’enseignant
de sonder son auditoire au moyen d’interrogations orales et écrites, de
tests ou d’examens. Cet inventaire des connaissances acquises est
appelé évaluation sommative et met l’accent sur les performances (les
productions réalisées) évaluées en fonction des critères de réussite,
et relève ainsi du contrôle. C’est donc à ce niveau et à cette forme
d’évaluation que nous pouvons enfin parler de notes. Nous devons
signaler, pour cette dernière forme d’évaluation — celle qui détermine
le sort de l’apprenant — que la validité du jugement chiffré de
l’enseignant se heurte à l’arbitraire, qui caractérise inévitablement
tout système de notation.
En dépit des efforts entrepris pour limiter cet arbitraire, nombreux
sont les facteurs qui continuent d’influencer, plus ou moins
consciemment, le jugement du formateur-évaluateur. La note dépend, en
outre, de la « disposition » de l’enseignant et des critères variables
d’un enseignant à l’autre, sur lesquels il fonde son jugement. Pour
illustrer ce qui vient d’être mentionné, des auteurs ont montré, lors
de l’évaluation sommative d’une classe de terminale, qu’une copie de
philosophie nécessite 127 évaluations, c’est-à-dire 127 correcteurs
différents pour que nous soyions en mesure d’avoir la note la plus
objective. Et même pour une copie de mathématiques, une discipline
censée être rigoureuse, ces mêmes auteurs estiment qu’il faudrait 13
évaluateurs pour pouvoir obtenir une note objective de la copie
corrigée. Ainsi, parmi les quatre formes d’évaluation mentionnées,
seule la dernière appelée sommative consiste à « jauger » l’apprenant
par une ou plusieurs notes.
Si le contrôle, en tant que processus extérieur à l’apprenant, qui
est régi par des critères de conformité et de logique, vérifie pour
valider ou rejeter, donc sanctionner, l’évaluation, quant à elle, qui
englobe et dépasse le contrôle, privilégie le qualitatif sur le
quantitatif. L’apprenant participe, alors, à l’élaboration des
procédures d’évaluation. Au vu des considérations exprimées ci-dessus,
la communauté éducative ne peut que se poser un certain nombre de
questions. Appliquons-nous toutes les formes d’évaluation requises ?
Les enseignants ont-ils une idée précise du contenu, des méthodologies
et des programmes actuels des cycles antérieurs, pour pouvoir porter un
jugement impartial sur leurs étudiants ou leurs élèves ?
Les notes sont-elles des preuves irréfutables des acquis de
l’apprenant ? Les effectifs dans les salles d’enseignement, le temps
imparti lorsqu’il ne subit pas un rétrécissement significatif dû à de
multiples facteurs et les divers moyens, tels qu’ils sont gérés, nous
permettent-ils d’appliquer les différentes formes d’évaluation ? Et
puis, avant tout autre chose, les enseignants, tous cycles confondus,
eux qui ont généralement bon dos, sont-ils pourvus de connaissances et
d’outils se rapportant à l’évaluation, celle-ci nécessitant une
formation initiale, suivie d’une autre qui est continue et qui consiste
en une réactualisation de diverses connaissances ? Les réponses à cette
batterie de questions ont de quoi engendrer les appréhensions les plus
franches.
En guise de conclusion, comme tout système, le système éducatif
algérien ne peut prétendre à sa « santé », et encore moins à sa
performance, qu’à la condition sine qua non de mieux asseoir, dans la
transparence, l’équité et la constance des procédures d’évaluation
concernant tous ses éléments.
R. B. : Université d’OranPar Rachid Brahmi
De l’évaluation de l’apprenant dans le système éducatif
kantara- Date d'inscription : 04/02/2010
Localisation : Constantine
kantara- Date d'inscription : 04/02/2010
Localisation : Constantine
les commentaires des lecteurs de cet article sont ....."intéressants " à lire jusqu'à la dernière ligne ...enfin si vous avez le courage pour ....
je cite :
Avis des lecteurs...
http://www.elwatan.com/De-l-evaluation-de-l-apprenant
je cite :
Avis des lecteurs...
Le 4.05.2010 à 10h53
De l’évaluation de l’apprenant dans le système éducatif
Merci
Mr rachid pour cet précieux article , vous m’avez
rappelé une journée d"etude consacree à l"evaluation il
y’a quelque années , en vue de sensibiliser sur la question. après les
exposés ,le petit test ,la correction ,
les calculs et les comparaisons avec excel ....
conclusion -non déclarée bien sur - : ce n"est pas pour nous tout ça ,
ce n"est pas pour notre école à l"etat ou elle est .nous n’avons pas
les moyens de votre théorie.
1 - classes bandées ,ce qui fausse meme une évaluation sommative à
cause du copiage qui reste le dilème de l"ecole Algerienne
2 - aucune formation a part une ou deux journées avec l’inspecteur
,c"est de l’auto formation bien sur ,l’inspecteur est notre égal quand
meme , il ne reçoit pas des révélations divines ,il reste loin d"egaler
les spécialistes... 3- aspect quantitative de nos programmes avec la
pression que nous connaissons tous ( c"est avec un logiciel qu’on
controle maintenant l’avancement dans l’execution des différents
programmes comme vous le savez surement)et gare au retardataires . Je
me demande souvent ce que je suis venu foutre dans ce corps gangreneux
que quelqu’un prétend qu’il va bientot le faire décoler
ex... institut lettres arabes .oran
Le 4.05.2010 à 08h37
De l’évaluation de l’apprenant dans le système éducatif
l’évaluation
du système éducatif devrait etre loin des transactions politiques et du
prix à payer pour réussir . vous avez parlé de formation,d’enseignant
et d’enseigné puis de l’évaluation.si Rachid,c’est comme un problème en
arithmétique :vous avez les données,l’hypothèse qu’on doit prendre en
considération ,classer les opérations à faire suivant une logique
progressive et arriver au résultat final.
ce n’est qu’après qu’on corrige ou plutot :on évalue ce problème. donc
,avant de parler de cela il faut parler des des moyens humains qui est
l’enseignant.pour ne pas tarder à vous dire que l’enseignant des années
60-70-80-90 était formé dans les institutions spécialisées (les
I.T.E)mais de nos jours,il sont recrutés dans le tas et ne savent pas
ce qu’ils font en face l’élève. pour terminer,pour évaluer il faut
s’évaluer d’abords et apprendre ce qu’est la pédagogie de l’enfant et
surtout la pédagogie spéciale (la technique d’enseigner) j’espère que
je n’ai dérangé personne mais il y a beaucoup de choses à corriger
avant de juger.
/
Le 4.05.2010 à 08h02
Savoir, temps et moyens gaspillés
Le
résultat se constate durant les vacances d’été. On retrouve
pratiquement tous les cahiers déchirés et jetés aux ordures. C’est une
façon de se révolter contre l’école qui représente pour l’élève un lieu
de "prison" dépourvu de tout épanouissement pédagogique. On leur offre
des contenus pas pour comprendre mais pour permettre leur admission aux
classes supérieures. La réussite quelque soit la démarche à suivre
prime sur la compréhension et l’application. Même l’université est
contaminée. On retrouve aussi des plycopiés de médecine de différentes
spécialités jetés à la poubelle après des examens. Les parents aussi à
leur tour font tout pour que leurs enfants réussissent au lieu de
chercher s’ils vont rééllement bénificier de ce qu’il ont noté,
"appris" ou "acquis" suivant leurs résultats. Faut-il réformer l’école
ou bien les mentalités et les esprits ? Compétence n’est pas synonyme
de competition.
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