La pédagogie de projet
(Laurent Dubois)
Pour pratiquer la pédagogie de projet, il faut d’abord
adhérer aux récentes théories de l’apprentissage qui ont amené à poser
une distinction entre enseignement et apprentissage. Cette distinction
modifie singulièrement les relations au sein du triangle didactique "
maître - élève - savoir ". Dans cette optique, le maître n’est plus
celui qui transmet des savoirs, l’élève n’est plus le sujet plus ou
moins passif de ses apprentissages, l’accès à la connaissance ne se
fait plus par placages successifs de notions.
L’enseignant convaincu par ces principes trouvera dans la
pédagogie de projet une réponse à bien des implications pédagogiques
issues des théories socio-constructivistes de l’apprentissage.Donner du sens aux apprentissages
La pédagogie de projet permet, à mon avis, de donner du
sens aux apprentissages des élèves. Dans un projet de correspondance,
par exemple, les élèves se voient contraints de maîtriser quelques
règles liées à ce type de texte, s’ils désirent se faire comprendre par
leurs correspondants. D’eux-mêmes, ils se soucient de leur orthographe,
de leur syntaxe et de leur mise en page. Ils sollicitent fréquemment le
maître ou un de leur camarade afin d’améliorer leur production écrite,
et consultent parfois spontanément les ouvrages de référence. D’autres
projets provoquent les mêmes attitudes relatifs à l’expression écrite,
comme la réalisation d’une exposition, la publication d’un journal
d’école ou la confection d’une brochure d’information. Cependant, tout
n’est pas si rose dans la pédagogie de projet. Si beaucoup d’activités
sont porteuses de sens, quelques élèves développent néanmoins des
stratégies d’évitement. Concernant la correspondance, les propos de
l’une de mes élèves sont éloquents: " J’aime bien recevoir des
messages, mais pas tellement en envoyer ". La pédagogie de projet est
exigeante et nécessite des efforts de la part de tous les acteurs.
L’enseignant se voit donc parfois contraint de relancer les projets et
de trouver des astuces pour motiver ses élèves.Le rôle du maître
Dans une pédagogie de projet, le maître n’est plus le
détenteur du savoir. Il organise les activités et tente d’y apporter un
éclairage didactique dans le but d’enclencher des apprentissages (c’est
peut-être ce qui le différencie des G.O. du Club Méditerranée). Ainsi,
il trouvera, lors de l’élaboration d’une pièce de théâtre, des moyens
permettant d’améliorer l’expression orale des élèves. Ce médiateur peut
également apporter des idées et encourager l’ensemble de la classe.
Quoi qu’il en soit, il a également un rôle fondamental qui est de
relancer les élèves ou les groupes d’élèves " en panne ", et enfin,
d’institutionnaliser les apprentissages. Cette dernière mission lui
permet de faire le lien entre le projet à proprement parler et les
différentes notions à acquérir à l’école primaire, notions définies, en
partie, dans les plans d’étude.
Pour conclure
Malgré cette réflexion optimiste, il convient de distinguer
ce qui relève de l’apprentissage conscient par "régulation didactique
structurée", de ce qui peut être acquis par immersion. Etudier certains
types de texte et certains phénomènes linguistiques à travers des
séquences didactiques structurées ou, plus simplement, exercer le
calcul mental et les opérations, permet sans aucun doute de fournir aux
élèves des instruments qui leur permettront de réaliser des projets de
plus en plus complexes.
Je ne conçois pas la pédagogie de projet comme une
succession d’activités libres, mais plutôt comme un incessant va et
vient entre une tâche originale, le " projet ", et des activités qui
permettent aux élèves de se questionner par rapport à cette tâche, de
structurer leurs connaissances et de stabiliser des savoirs et
savoir-faire.
(Laurent Dubois)
Pour pratiquer la pédagogie de projet, il faut d’abord
adhérer aux récentes théories de l’apprentissage qui ont amené à poser
une distinction entre enseignement et apprentissage. Cette distinction
modifie singulièrement les relations au sein du triangle didactique "
maître - élève - savoir ". Dans cette optique, le maître n’est plus
celui qui transmet des savoirs, l’élève n’est plus le sujet plus ou
moins passif de ses apprentissages, l’accès à la connaissance ne se
fait plus par placages successifs de notions.
L’enseignant convaincu par ces principes trouvera dans la
pédagogie de projet une réponse à bien des implications pédagogiques
issues des théories socio-constructivistes de l’apprentissage.Donner du sens aux apprentissages
La pédagogie de projet permet, à mon avis, de donner du
sens aux apprentissages des élèves. Dans un projet de correspondance,
par exemple, les élèves se voient contraints de maîtriser quelques
règles liées à ce type de texte, s’ils désirent se faire comprendre par
leurs correspondants. D’eux-mêmes, ils se soucient de leur orthographe,
de leur syntaxe et de leur mise en page. Ils sollicitent fréquemment le
maître ou un de leur camarade afin d’améliorer leur production écrite,
et consultent parfois spontanément les ouvrages de référence. D’autres
projets provoquent les mêmes attitudes relatifs à l’expression écrite,
comme la réalisation d’une exposition, la publication d’un journal
d’école ou la confection d’une brochure d’information. Cependant, tout
n’est pas si rose dans la pédagogie de projet. Si beaucoup d’activités
sont porteuses de sens, quelques élèves développent néanmoins des
stratégies d’évitement. Concernant la correspondance, les propos de
l’une de mes élèves sont éloquents: " J’aime bien recevoir des
messages, mais pas tellement en envoyer ". La pédagogie de projet est
exigeante et nécessite des efforts de la part de tous les acteurs.
L’enseignant se voit donc parfois contraint de relancer les projets et
de trouver des astuces pour motiver ses élèves.Le rôle du maître
Dans une pédagogie de projet, le maître n’est plus le
détenteur du savoir. Il organise les activités et tente d’y apporter un
éclairage didactique dans le but d’enclencher des apprentissages (c’est
peut-être ce qui le différencie des G.O. du Club Méditerranée). Ainsi,
il trouvera, lors de l’élaboration d’une pièce de théâtre, des moyens
permettant d’améliorer l’expression orale des élèves. Ce médiateur peut
également apporter des idées et encourager l’ensemble de la classe.
Quoi qu’il en soit, il a également un rôle fondamental qui est de
relancer les élèves ou les groupes d’élèves " en panne ", et enfin,
d’institutionnaliser les apprentissages. Cette dernière mission lui
permet de faire le lien entre le projet à proprement parler et les
différentes notions à acquérir à l’école primaire, notions définies, en
partie, dans les plans d’étude.
Pour conclure
Malgré cette réflexion optimiste, il convient de distinguer
ce qui relève de l’apprentissage conscient par "régulation didactique
structurée", de ce qui peut être acquis par immersion. Etudier certains
types de texte et certains phénomènes linguistiques à travers des
séquences didactiques structurées ou, plus simplement, exercer le
calcul mental et les opérations, permet sans aucun doute de fournir aux
élèves des instruments qui leur permettront de réaliser des projets de
plus en plus complexes.
Je ne conçois pas la pédagogie de projet comme une
succession d’activités libres, mais plutôt comme un incessant va et
vient entre une tâche originale, le " projet ", et des activités qui
permettent aux élèves de se questionner par rapport à cette tâche, de
structurer leurs connaissances et de stabiliser des savoirs et
savoir-faire.